Même en menant le championnat, Lando Norris garde les pieds sur terre : « Je ne me vois pas au niveau de Lewis ou Fernando ».
Alors qu’il aborde le Grand Prix du Japon en tête du championnat, Lando Norris a surpris par sa sincérité. Dans un sport où l’assurance est souvent une arme de survie, le Britannique a reconnu sans détour ne pas se sentir au niveau de certains de ses adversaires.
Dans une interview au Guardian, le pilote McLaren s’est livré avec une honnêteté rare : « Je n’ai jamais pensé être aussi bon que Lewis, ou même que ceux avec qui j’ai grandi : George, Charles, Fernando, Seb… » Des propos qui tranchent dans un univers où les discours sont souvent bien lissés, et les egos surdimensionnés.
Pourtant, à 25 ans, Norris n’a rien d’un outsider. Avec cinq victoires, dix pole positions et une régularité impressionnante, il est aujourd’hui l’un des pilotes les plus redoutés du plateau. Mais derrière cette performance, il y a un homme qui assume ses fragilités, ses moments de doute, et qui ne cherche pas à cacher ce qu’il est vraiment.
Ce n’est pas la première fois que le pilote britannique évoque son côté perfectionniste. L’an passé déjà, il admettait facilement sa tendance à se juger durement après chaque erreur. Un trait de caractère qui, loin de l’affaiblir, le rend plus humain, et souvent plus attachant que d’autres figures froides et inaccessibles du paddock.
Dans une époque marquée par la domination brute de Verstappen ou l’agressivité assumée de certains rivaux, Norris incarne une approche différente. Plus posée, plus réfléchie. Certains y verront un manque de mordant. Mais lui y voit une force : celle de rester fidèle à lui-même.
« On essaie de vous faire croire qu’il faut se penser comme le meilleur pour réussir », explique-t-il. « Mais je ne crois pas que ce soit la seule voie. Je veux être champion du monde, oui, mais sans renier qui je suis. Je veux continuer à profiter de la vie. »
La Formule 1 focalisée sur la performance pure et cette vision fait figure d’exception. Pourtant, l’histoire a prouvé que d’autres approches peuvent aussi mener au sommet. Des pilotes comme Alain Prost ou Nico Rosberg ont bâti leur succès sur l’intelligence de course, la constance et la gestion des émotions, plus que sur une domination psychologique à tout prix.
Norris s’inscrit peut-être dans cette lignée : celle d’une génération qui ne veut plus choisir entre excellence et équilibre personnel. Cela ne veut pas dire qu’il évite les confrontations. Il le précise lui-même : « Je ne veux pas qu’on pense que je suis trop tendre. Je prendrai des risques, je me battrai… mais à ma manière. »
Et c’est peut-être là son véritable atout. Car si une confiance absolue peut porter un pilote très haut, un doute bien placé peut aussi nourrir la vigilance, l’envie de progresser, et une forme précieuse d’humilité.
On peut ne pas se croire « aussi bon que Lewis » et tout de même se battre avec lui à armes égales. On peut admirer ses idoles, tout en traçant son propre chemin. Norris ne cherche pas à les imiter : il veut devenir champion à sa façon. Et cette quête personnelle, sincère et assumée, mérite toute notre attention.