Charité bien ordonnée commence par soi-même ! Les pilotes se rebellent et demandent à Mohamed Ben Sulayem de revoir son langage inapproprié
Les pilotes de Formule 1 n’ont jamais été aussi déterminés à faire entendre leur voix. Dans une lettre ouverte inédite, le GPDA (Grand Prix Drivers’ Association) a adressé un message direct et sans détour au président de la FIA, Mohammed Ben Sulayem. La critique est vive : les pilotes demandent non seulement un changement de ton, mais également une approche plus respectueuse et équitable de la part de leur instance dirigeante, estimant qu’ils ne sont pas traités avec la maturité et la considération qu’ils méritent.
Cette réaction collective fait suite à plusieurs incidents récents qui ont provoqué des tensions entre les pilotes et la FIA. Parmi les points de discorde, les sanctions infligées à Max Verstappen et Charles Leclerc pour des jurons lors de conférences de presse. Verstappen, après avoir exprimé son mécontentement envers sa monoplace lors d’une interview, a été condamné à des « travaux d’intérêt général » par la FIA. De son côté, Leclerc a écopé d’une amende pour avoir utilisé un langage jugé inapproprié après un quasi-accident. Dans leur lettre, les pilotes défendent leur liberté d’expression, rappelant la différence entre un langage familier, naturel en situation de stress, et des insultes volontaires.
Les critiques vont au-delà des simples sanctions. Les pilotes expriment également leur mécontentement face à ce qu’ils perçoivent comme une politique excessive, voire infantilisante, concernant des aspects mineurs comme le port de bijoux ou la réglementation sur les sous-vêtements. Ces règles, instaurées par Ben Sulayem depuis son arrivée à la tête de la FIA, sont perçues par beaucoup comme des interventions disproportionnées, sans réelle justification en matière de sécurité. Pour les pilotes, cela traduit un manque de confiance et de respect de la part de la FIA envers ceux qui risquent leur vie sur la piste.
« Nous demandons instamment au Président de la FIA de considérer également son propre ton et son langage lorsqu’il s’adresse à nos pilotes membres, ou même à leur sujet, que ce soit dans un forum public ou autre. De plus, nos membres sont des adultes, ils n’ont pas besoin de recevoir des instructions via les médias, sur des questions aussi triviales que le port de bijoux et de sous-vêtements », déclarent-ils dans la lettre.
« Nos membres sont des pilotes professionnels, qui courent en Formule 1, le summum du sport automobile international. Ce sont les gladiateurs et, chaque week-end de course, ils offrent un grand spectacle aux fans »,ont-il ajouté.
En outre, la lettre du GPDA critique le langage et le ton de Ben Sulayem lui-même. Dans une interview avant le Grand Prix de Singapour, le président de la FIA avait exprimé son aversion pour la diffusion d’expressions grossières en course, allant jusqu’à comparer la F1 à la musique rap – une comparaison que Lewis Hamilton a jugée stéréotypée et teintée de préjugés. Le GPDA n’a pas tardé à réagir, dénonçant une communication peu respectueuse du président à l’égard des pilotes, tant en privé qu’en public.
Un autre point de désaccord entre la FIA et les pilotes porte sur les amendes infligées aux conducteurs, un sujet qui divise depuis longtemps. Dans leur lettre, les pilotes soulignent que les sanctions financières ne sont pas adaptées à leur sport et nuisent à l’image de la F1. Ils appellent également à une transparence totale sur l’utilisation des fonds collectés par ces amendes, souhaitant que ces ressources soient redistribuées de manière bénéfique pour la discipline. Les pilotes, qui n’ont pas été consultés sur la gestion de ces fonds, estiment que l’usage de ces amendes devrait être discuté avec l’ensemble des parties prenantes, y compris le GPDA.
Bien que la lettre contienne des critiques directes, les pilotes insistent sur leur volonté de collaborer de manière constructive avec la FIA. « Nous voulons travailler avec tous les acteurs de la F1 pour promouvoir ce sport exceptionnel », écrit le GPDA, qui rassemble des figures majeures comme Alex Wurz, président de l’association, et George Russell, directeur de Mercedes. Pour eux, un dialogue ouvert et transparent est nécessaire pour aborder ces sujets sensibles et renforcer la confiance entre pilotes, équipes et direction sportive.
Les pilotes ont pris une position claire : ils se considèrent comme des professionnels responsables et ne veulent pas être traités comme des enfants. La publication de cette lettre ouverte, une première depuis 2017, reflète leur frustration croissante vis-à-vis de la politique de Ben Sulayem. Ils estiment ne pas avoir été suffisamment écoutés et espèrent que ce geste marquera un tournant dans leurs relations avec la FIA.