En pleine crise, le site Alpine de Viry-Châtillon voit son avenir suspendu aux décisions de Renault. Les élus et habitants se mobilisent pour éviter le pire
Alors que l’avenir du site de Viry-Châtillon reste en suspens, une semaine cruciale s’annonce pour les 334 salariés de ce site emblématique, qui joue un rôle central dans le développement des moteurs de Formule 1 pour Alpine. Le 30 septembre, date clé pour la direction de Renault, marque un tournant dans l’histoire de l’écurie Alpine et de la F1 française. Avec la menace d’un abandon du projet moteur 2026, les employés, soutenus par les élus locaux et les syndicats, continuent de se mobiliser pour préserver leur savoir-faire et leurs emplois.
Bien que les salariés de Viry-Châtillon aient eu une première rencontre avec Luca de Meo, PDG de Renault, les discussions n’ont pas apporté de réponses concrètes. Le dernier communiqué de presse des employés, publié quelques jours après cette rencontre, est loin d’être rassurant. « Nous n’avons eu aucune nouvelle depuis l’entretien avec M. De Meo, » souligne le communiqué.
Lors de cet entretien, les représentants du personnel avaient formulé des propositions concrètes pour assurer la compétitivité du moteur F1 en 2026, ainsi qu’un engagement total de la part des collaborateurs du site envers Renault et son projet. Ces propositions visaient à démontrer que la continuité du développement interne des moteurs F1 était non seulement possible, mais essentielle pour maintenir l’indépendance technologique de Renault dans un contexte de réglementation complexe prévue pour 2026.
« Renoncer à développer notre propre moteur, c’est perdre notre compétitivité et notre indépendance technologique face à nos concurrents, » avertissent les salariés dans leur communiqué. En effet, la nouvelle réglementation 2026, qui met l’accent sur l’intégration entre le moteur et le châssis, rend d’autant plus cruciale l’importance de développer ces technologies en interne.
Le communiqué de presse des employés publié après la rencontre avec Luca de Meo laisse peu d’espoir quant à l’avenir du projet F1 à Viry-Châtillon. Si la délégation des salariés avait présenté des propositions ambitieuses pour garantir la compétitivité du moteur en 2026, aucune réponse concrète n’a encore été donnée par la direction.
Les salariés ont insisté sur l’importance stratégique de maintenir la production du moteur en interne, en mettant en avant les nouvelles réglementations qui nécessiteront une intégration plus poussée entre le moteur et le châssis. Ils craignent qu’abandonner le projet de moteur interne ne nuise non seulement à l’avenir de Renault en F1, mais également à l’ensemble de l’écosystème industriel français lié à cette technologie.
Une motion de soutien votée à l’unanimité par le conseil municipal de Viry-Châtillon fait vivre l’espoir
Aurélien Péroumal, conseiller municipal, a également exprimé ses préoccupations, lors d’une interview exclusive : « Il est facile pour la direction de Renault de dire qu’il n’y aura pas de licenciements immédiats, mais ce que nous savons, c’est que la première étape est souvent le reclassement des salariés, suivie ensuite d’un plan social. Ce sont des étapes qui mènent inévitablement à des suppressions d’emplois. »
« La perte d’emplois ne concernera pas seulement Renault, » a ajouté sa collègue Patricia Jollant Stella lors de l’interview, « mais toute une chaîne d’entreprises locales qui vivent de cette activité. L’impact serait dévastateur pour l’économie locale.«
C’est dans ce contexte que le conseil municipal de Viry-Châtillon a voté, le 25 septembre, à l’unanimité une motion de soutien en faveur du maintien des activités F1 sur le site. Cette motion, co-écrite par la majorité et les deux conseillers municipaux, reflète l’unité des élus locaux face à la crise.
« Cette motion montre que l’ensemble des élus, quelle que soit leur appartenance politique, sont unis derrière l’objectif de défendre les salariés de Viry, » a souligné Aurélien Péroumal. Pour lui, cette motion est un « engagement moral », même si son impact reste limité en termes d’influence directe sur les décisions du groupe Renault. La motion sera envoyée à plusieurs membres de l’exécutif dont le Président de la République, Emmanuel Macron, Michel Barnier, Premier Ministre, et Antoine Armand, Ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, ainsi qu’au PDG de Renault.
Patricia Jollant Stella a également insisté sur ce que représente Renault dans la vie sociale de la ville : « Alpine fait partie de l’ADN de la commune ». La marque, avec son aura autour de la conception des moteurs de Formule 1, suscite admiration et fierté. Que ce soit lors des événements communautaires ou à travers les associations locales, Alpine est omniprésente. « Les écoles, les équipes sportives, et même les kermesses font souvent appel à Alpine pour soutenir leurs initiatives, » souligne Patricia, rappelant à quel point cette entreprise est un pilier du tissu social et économique de la ville.
Les deux élus ont rappelé que cette motion est aussi un signal envoyé à l’État, actionnaire de Renault à hauteur de 14 %. « L’État doit jouer son rôle, » a déclaré Aurélien Péroumal. « Il ne peut rester inactif, surtout lorsqu’il s’agit d’une entreprise dans laquelle des fonds publics sont investis. »
La semaine qui s’ouvre est décisive pour l’avenir de Viry-Châtillon en F1. Les salariés sont plus déterminés que jamais à défendre leur savoir-faire et leurs emplois. Cependant, l’incertitude reste grande à l’approche du 30 septembre, date où la direction de Renault pourrait trancher sur l’avenir du projet moteur F1.
« Nous devons continuer à soutenir les salariés, » insiste Patricia Jollant Stella. « La mobilisation est essentielle pour ne pas laisser cette page de l’histoire s’éteindre. » Avec une nouvelle action prévue pour le 16 octobre devant le salon de l’automobile, les salariés de Viry-Châtillon continuent de lutter pour préserver ce qui fait la fierté de leur ville. La balle est désormais dans le camp de la direction de Renault et de l’État, qui ont le pouvoir de décider du futur de Viry-Châtillon en F1.