Le PDG de Renault va négocier avec les salariés de Viry-Châtillon

Luca de Meo accepte de rencontrer les salariés de Viry-Châtillon. Une première victoire pour la mobilisation, mais l’avenir reste incertain.

Photos : Compte X de La Voix De Viry

Après des semaines de mobilisation intense, Luca de Meo, PDG du Groupe Renault, a finalement accepté de rencontrer les salariés de Viry-Châtillon. Cette rencontre, prévue en fin de semaine, marque un tournant décisif dans la lutte pour l’avenir du site de production et du programme moteur F1 d’Alpine. Alors que la menace d’un abandon du projet moteur plane toujours, la pression exercée par les salariés et leurs soutiens semble avoir contraint la direction de Renault à entamer des négociations.

Depuis la fin de l’été, les salariés de Viry-Châtillon se sont mobilisés pour défendre leur outil de travail, dans un contexte où Renault envisage sérieusement de se tourner vers un moteur fourni par Mercedes pour la saison 2026 de F1. Cette décision potentielle, qui mettrait fin au développement des moteurs sur le site de Viry, a suscité une incompréhension profonde parmi les employés. Ils ont dénoncé « une gouvernance sourde à tout dialogue », ce qui a conduit à une série d’actions, allant des grèves à des manifestations pacifiques lors du Grand Prix d’Italie à Monza.

La revendication principale des salariés, à savoir l’ouverture d’un dialogue avec la direction, a finalement été entendue. « Il y avait beaucoup de soutien », nous a confié Aurélien Péroumal, conseiller municipal, lors de la manifestation du 12 septembre. « L’idée était de dénoncer la stratégie globale de Renault, pas seulement en F1, mais aussi sur d’autres sites comme Lardy et Flins. C’était une mobilisation large. » Cette solidarité, renforcée par la présence de nombreux élus et syndicats, a contribué à mettre une pression croissante sur la direction de Renault.

Luca de Meo, qui avait jusqu’alors assuré qu’ « aucune décision finale n’avait été prise », semble désormais prêt à discuter directement avec les représentants du personnel. Selon un communiqué du conseil social et économique (CSE) d’Alpine Racing, cette rencontre, prévue le vendredi 20 septembre 2024, permettra de « porter à sa connaissance l’incompréhension liée à la fin du développement du moteur F1 en France, sur le site de Viry-Châtillon, une technologie unique dans l’Hexagone. »

Il est clair que la mobilisation des salariés de Viry, tant sur le plan local qu’à Monza, a joué un rôle déterminant dans cette évolution. Le mouvement de grève organisé à l’usine le jour des essais libres du Grand Prix d’Italie a fait écho aux manifestations pacifiques organisées à Monza, où des salariés arboraient des banderoles et des t-shirts réclamant le maintien du projet moteur F1.

Même si cette rencontre est un signe d’ouverture de la part de Renault, rien n’est encore joué. De Meo continue de défendre l’idée qu’un passage à un moteur client pourrait permettre à l’écurie de réaliser des économies considérables. « Si l’on fait une analyse exclusivement financière, » a-t-il expliqué récemment, « la différence entre produire un moteur en interne et acheter un moteur client devient abyssale. » Cependant, cette approche soulève de nombreuses questions, notamment en termes d’image pour une marque comme Alpine, réputée pour son expertise technique.

La décision finale concernant l’avenir de l’usine de Viry-Châtillon n’est pas attendue avant le 30 septembre, lors d’une réunion cruciale du conseil d’administration de Renault. Les salariés, quant à eux, espèrent que cette rencontre avec leur PDG permettra de remettre en question l’option du moteur client et de préserver un projet de motorisation F1 développé en France.

L’avenir du programme moteur F1 2026 d’Alpine à Viry-Châtillon dépasse le simple cadre de la Formule 1. Pour les salariés et leurs représentants, c’est aussi un symbole de la capacité de la France à innover et à se maintenir à la pointe de l’ingénierie automobile. « Il est grand temps de dire STOP à la perte de nos compétences, de notre expertise et de nos emplois en France, » avait rappelé la CGT dans ses précédents communiqués.

Ce sentiment est partagé par les élus locaux, qui ont souligné l’importance de maintenir une activité industrielle aussi stratégique en France. « L’État a quand même son mot à dire, » a rappelé Péroumal, évoquant la part que détient l’État français dans le capital de Renault. « Même s’il ne possède qu’une petite part, il est actionnaire et doit se mobiliser pour défendre ces emplois. »

L’ouverture de ce dialogue entre Luca de Meo et les salariés de Viry-Châtillon est une première victoire pour les employés. Cependant, l’avenir du site reste incertain. Cette rencontre permettra-t-elle de remettre en cause l’éventualité d’un moteur client Mercedes, ou s’agira-t-il simplement d’un coup de communication pour apaiser les tensions ?

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