Pour Verstappen, performance rime avec exigence. La RB21 ne sera pas adoucie, même si Red Bull perd en régularité avec le deuxième pilote

Max Verstappen ne veut pas d’une Red Bull plus docile. Aussi paradoxal que cela puisse paraître pour un pilote qui se bat depuis des semaines avec une RB21 capricieuse, c’est pourtant la position que défend aujourd’hui le quadruple champion du monde.
« Nous n’avons pas besoin d’une copie des Racing Bulls », tranche Pierre Waché, directeur technique de Red Bull, selon MotorsportWeek. Cette phrase résume à elle seule le dilemme actuel du clan de Milton Keynes : faut-il sacrifier de la performance pure pour rendre la monoplace plus accessible à son deuxième pilote — et par là même plus stable et plus constante — ou continuer à miser sur le talent hors norme de Verstappen pour en extraire tout le potentiel brut, aussi délicat soit-il à dompter ?
La RB21 n’est pas une voiture facile. Verstappen l’a dit à plusieurs reprises, Christian Horner l’a admis, et les chiffres confirment un recul face à McLaren. Mais le Néerlandais préfère un outil difficile à piloter qui offre des marges de performance, plutôt qu’un châssis aseptisé au nom de la facilité. « Je suis sûr que Max ne serait pas heureux si on lui proposait une voiture comme celle des Racing Bulls », affirme Waché.
Malgré ses défauts, la RB21 reste, dans les mains de Verstappen, capable de gagner. Deux victoires cette saison, et une position toujours favorable au championnat. Mais elle ne pardonne rien, surtout à ceux qui ne s’appellent pas Max. Yuki Tsunoda, fraîchement promu, en fait l’amère expérience. Le Japonais peine à donner un retour technique utile, faute de confiance et de rythme. « En tant que directeur technique, j’ai besoin de feedbacks des deux pilotes. L’idéal serait qu’ils soient proches l’un de l’autre. Ce n’est pas le cas pour l’instant », admet Waché.
Pendant ce temps, les Racing Bulls étonnent. Avec une VCARB plus neutre et facile à piloter, l’équipe de Faenza est sixième du championnat constructeurs. Isack Hadjar a déjà marqué des points. Verstappen lui-même a reconnu que « Yuki semblait toujours compétitif face à Hadjar » avant le changement de garage. Ce qui suggère, en creux, que le Japonais n’est plus le même dans l’environnement Red Bull, ni dans le cockpit de la RB21.
Mais pour Waché, s’aligner sur la philosophie des Racing Bulls serait une erreur stratégique. « Nous ne voulons pas rendre la voiture plus facile en réduisant son potentiel global », insiste-t-il. Car derrière cette machine capricieuse se cache encore un monstre de performance — à condition de savoir l’exploiter.
Red Bull se retrouve ainsi face à une équation classique en F1 : faut-il concevoir une voiture qui maximise les capacités d’un pilote d’exception, quitte à compromettre le deuxième siège, ou viser une plateforme plus universelle, au risque de brider son fer de lance ? Dans le cas de Verstappen, la réponse est claire. Il est « l’atout principal en termes de résultats », selon Waché. L’équipe préfère donc lui donner une machine difficile mais puissante, plutôt que de diluer ses chances en facilitant le pilotage pour le reste de l’effectif.