Le Grand Prix de Madrid de Formule 1 visé par un recours pour absence d’étude environnementale et atteinte aux droits des riverains.

L’euphorie autour du Grand Prix de Madrid n’aura pas duré longtemps. À peine le projet lancé que le circuit urbain « Madring », censé faire son entrée au calendrier F1 en 2026, se retrouve au cœur d’une bataille judiciaire. Une contestation portée par le groupe politique Más Madrid, bien décidé à enrayer un chantier qu’il juge précipité, opaque et nuisible.
C’est désormais officiel : le Tribunal supérieur de justice de Madrid a accepté le recours déposé par Más Madrid contre le plan spécial d’aménagement autour de l’IFEMA, la zone qui doit accueillir le tracé. Cette première victoire judiciaire ne bloque pas encore les travaux, mais il fragilise la légitimité d’un projet soutenu politiquement à marche forcée.
Le maire de Madrid, José Luis Martínez-Almeida, avait affirmé en avril que la licence d’urbanisme allait être délivrée “dès le lendemain”. Une annonce destinée à rassurer les promoteurs du Grand Prix, qui ont signé en janvier un contrat de dix ans avec la F1. L’épreuve doit devenir la 16e manche de la saison 2026, ultime escale européenne d’un calendrier à 24 courses.
Mais du côté de Más Madrid, on dénonce un passage en force. « C’est un plan sans évaluation environnementale sérieuse ni étude d’impact sur la santé publique, alors que le tracé passera à moins de 40 mètres des habitations », alerte Rita Maestre, cheffe de file du mouvement.
L’opposition pointe plusieurs manquements majeurs. D’abord, l’absence d’étude d’impact environnemental complète, alors que le projet pourrait conduire à l’abattage de plus de 700 arbres. Ensuite, le non-respect des règles d’information des riverains, qui n’auraient pas été prévenus individuellement comme l’exige la réglementation sur l’urbanisme.
La polémique s’étend aussi au financement public : 190 millions d’euros auraient déjà été engagés, une somme qui interroge l’opposition, d’autant que les promoteurs avaient promis un coût nul pour les contribuables. « On va contester la licence en justice, et on ne cessera de demander des comptes pour chaque euro public dépensé », insiste Maestre. « Ce dossier va être très compliqué à gérer pour le Parti populaire. Nous défendrons, quoi qu’il arrive, l’intérêt général des Madrilènes. »
Entre démonstration de force et fracture politique
Pendant ce temps, la communication autour du Grand Prix bat son plein. Dimanche dernier, Carlos Sainz a effectué un roulage de démonstration en Williams sur le site, histoire d’associer l’image du pilote madrilène au projet. Mais même ce coup de com’ peine à masquer la fracture politique et sociale que le circuit est en train d’ouvrir.
La F1 s’est engagée pour dix ans, mais le chantier commence dans un climat loin d’être serein. En l’état, l’homologation du circuit reste sous réserve, et le recours en justice pourrait retarder voire bloquer certaines étapes clés.
Le Madring, censé incarner l’avenir de la Formule 1 urbaine et durable, pourrait bien devenir un symbole… de ce que l’on obtient quand la course à l’image fait l’impasse sur le dialogue avec la ville.