Red Bull montre son côté impitoyable : les pilotes se succèdent, mais seuls les plus coriaces survivent. Un système où la pression peut briser des carrières
Red Bull Racing est une écurie de Formule 1 hors du commun. Performances monstrueuses, domination technique, gestion méticuleuse… Mais derrière cette image de machine à gagner se cache une politique impitoyable vis-à-vis de ses pilotes. Liam Lawson en est la dernière victime, débarqué après seulement deux courses pour laisser place à Yuki Tsunoda. Un simple accident de parcours ou une énième démonstration d’un management déshumanisé ?
Une gestion des pilotes aux allures de roulette russe
Si Red Bull excelle sur la piste, son approche du management des pilotes est plus brutale qu’un accrochage au premier virage. Lawson, propulsé chez Red Bull après l’éviction de Sergio Pérez, n’a même pas eu le temps de poser ses valises que la sentence est déjà tombée : retour chez Racing Bulls illico presto. Deux courses, aucune performance éclatante, et voilà la porte. Une gestion intransigeante qui rappelle de nombreux précédents.
Depuis le départ de Daniel Ricciardo fin 2018, le baquet aux côtés de Max Verstappen est devenu un siège éjectable. Pierre Gasly en a fait les frais après seulement une demi-saison en 2019. Jugé trop tendre, trop hésitant, il a été rétrogradé chez Toro Rosso sans véritable seconde chance. Alex Albon a pris sa place mais n’a tenu qu’un an avant de subir le même sort, broyé par la pression d’une équipe construite autour d’un seul homme, j’ai nommé Max Verstappen !
Et quand Red Bull a choisi de s’écarter de son académie pour signer Pérez en 2021, on aurait pu croire à une stabilisation. Mais après une saison 2024 où le Mexicain a tenté, sans succès, de se mesurer à Verstappen, il a fini par être poussé vers la sortie. Le message est limpide : il n’y a de la place que pour un pilote chez Red Bull.
La malédiction du baquet numéro 2
Le cas de Lawson est encore plus cruel. Contrairement à Gasly ou Albon, il n’a même pas eu une demi-saison pour prouver sa valeur. Il est difficile de juger un pilote sur deux courses, encore plus quand celles-ci sont disputées en début de saison, où les écarts de compétitivité entre équipes sont fluctuants.
Si Tsunoda était jugé plus fiable, pourquoi ne pas l’avoir promu immédiatement ? Pourquoi infliger à Lawson une humiliation publique ? La réponse tient en deux mots : gestion autoritaire. Red Bull ne laisse aucune place à l’apprentissage. Un pilote doit briller immédiatement ou disparaître. La pression est telle que même les plus talentueux finissent par s’effondrer.
On se souvient des mots d’Helmut Marko sur Gasly : « Il n’était pas au niveau ». Une sentence sèche, expéditive, qui résume à elle seule la philosophie de l’écurie. Red Bull ne cherche pas des pilotes à former, mais des soldats prêts à exécuter la mission immédiatement.
Une stratégie contre-productive ?
En agissant ainsi, Red Bull risque pourtant de se tirer une balle dans le pied. L’instabilité chronique du deuxième baquet empêche l’équipe de bénéficier d’un soutien solide pour Verstappen. Pire, elle épuise ses propres ressources en jeunes talents. Dans l’histoire récente, il y a eu Kvyat, Gasly, Albon, Lawson, de Vries…, sans parler des plus anciens comme Sébastien Bourdais. Tous ont été sacrifiés sur l’autel de l’excellence immédiate. Combien de talents gâchés avant que Red Bull ne comprenne que brûler ses pilotes ne fait que renforcer la domination de Verstappen sans réellement améliorer la performance globale de l’équipe ?
Tsunoda est le prochain sur la liste. Il a survécu plusieurs saisons chez Racing Bulls, mais s’il ne performe pas dès les premières courses, il sera sans doute écarté avec la même froideur que ses prédécesseurs. Le problème n’est pas Tsunoda, ni même Lawson, mais une philosophie du management qui ne laisse aucune place à l’humain.
Une dictature de la performance qui dessert Red Bull ?
Il est ironique de voir une marque qui se vante de donner des ailes transformer ses propres pilotes en passagers d’un vol sans parachute. Red Bull, en verrouillant le sort de ses pilotes avec autant de brutalité, s’empêche peut-être de voir émerger un véritable second leader. Lawson n’était peut-être pas prêt aujourd’hui, mais qui sait ce qu’il aurait pu accomplir avec un peu de patience et de confiance ?
Chez Red Bull, l’histoire est toujours la même : on donne sa chance, on retire brutalement cette chance, et on feint l’étonnement lorsque les pilotes brisés peinent à rebondir. En F1, la performance est reine, mais le manque de stabilité peut se retourner contre ceux qui pensent que l’excellence se construit sur des ultimatums. Ce n’est pas en 2025 que Red Bull récupérera son titre de championne du monde des constructeurs…
Mais par souci d’équité, nous n’allons pas seulement critiquer Red Bull. Il faut tout de même constater que huit des 20 pilotes de la grille sont passé par la filière Red Bull : Max Verstappen, Alex Albon, Yuki Tsunoda, Pierre Gasly, Carlos Sainz, Jack Doohan, Isack Hadjar et Liam Lawson. Peut-être que sans Red Bull, certains d’entre eux ne seraient en Formule 1 aujourd’hui…