Les jeunes pilotes unis derrière Jack Doohan, récemment remercié par l’écurie Alpine : six Grands Prix ne suffisent pas pour juger un débutant.

Six Grands Prix et puis s’en va. Le sort de Jack Doohan chez Alpine, brutalement remplacé par Franco Colapinto avant même le début de la tournée européenne, a provoqué un malaise dans le paddock. Plusieurs pilotes de la grille, tous passés par la case rookie récemment, dénoncent un verdict expéditif, fruit d’une mauvaise gestion de l’écurie française.
Le remplacement de Doohan n’a surpris personne. La rumeur était persistante depuis l’hiver : Colapinto était en sursis et il ne manquait plus qu’un prétexte pour le faire gicler. Pourtant, le moment choisi, à peine six manches disputées, en a laissé plus d’un dubitatif.
“Même avant la saison, ça sentait un peu mauvais”, confie Isack Hadjar, qui a lui-même vécu un début d’année tendu chez Racing Bulls. “Il a commencé avec une énorme pression. Ce n’était pas un bon environnement. Et six courses, ce n’est rien, surtout sans avoir une voiture compétitive.”
Ce sentiment d’étouffement résonne aussi chez Liam Lawson, autre jeune victime des choix politiques récents en F1 : “On ne peut pas exiger d’un rookie qu’il montre tout en cinq ou six courses. Jack avait sa place, il l’a prouvé. C’est une décision froide, comme souvent en F1.”
Les pilotes ne s’étonnent pas uniquement du timing, mais surtout des circonstances dans lesquelles Doohan a dû évoluer : circuits inconnus, week-ends sprint, voiture instable. Pour Oliver Bearman, qui sait ce que vaut une monoplace performante après son coup d’éclat chez Ferrari, les dés étaient pipés d’entrée.
“C’est très dur de piloter avec une telle pression sur les épaules, dès la première course. Et c’est encore pire quand on doit le faire sur des circuits qu’on ne connaît pas, avec une voiture compliquée. Franchement, c’est injuste.”
Bearman souligne également que le calendrier n’a pas aidé : quatre des six premières pistes étaient nouvelles pour les rookies, sans compter les deux formats sprint. “Il n’a même pas eu le temps d’atteindre les circuits européens où il aurait pu se défendre. C’est incroyablement dur”, tranche-t-il.
Du côté des anciens de la maison, Esteban Ocon n’a pas mâché ses mots. Passé par cinq saisons chez Alpine avant un divorce tendu, le Français évoque une culture interne problématique. “Ce n’est pas vraiment une surprise quand on connaît certaines décisions récentes de cette équipe”, glisse-t-il. Mais Ocon se montre aussi rassurant pour Doohan : “Il a montré de belles choses cette année, surtout en qualifs. Il a été rapide, ce n’est qu’un au revoir.”
Soutien au pilote australien, mais également respect pour Colapinto, dont l’entrée en scène ne fait que raviver un problème plus profond selon lui : “Il n’y a pas assez de voitures pour tous les talents qui mériteraient d’être là. C’est ça, le vrai drame.”
BREAKING: Franco Colapinto to race at least the next five races for Alpine in place of Jack Doohan#F1 pic.twitter.com/HLarDPmYP8
— Formula 1 (@F1) May 7, 2025