Les pilotes de F1 remportent un bras de fer contre la FIA

Face à la pression des pilotes, la FIA revient sur sa politique jugée excessive concernant les amendes pour jurons en Formule 1.

Les pilotes de Formule 1 viennent de remporter une petite victoire face à la FIA. Après plusieurs semaines de tension autour des sanctions pour langage grossier, l’instance dirigeante a finalement reculé : les amendes seront désormais réduites, ajustables et mises en contexte. Une marche arrière discrète, mais révélatrice du climat électrique entre le paddock et la Fédération.

Introduite en janvier, la révision de l’annexe B du Code Sportif International prévoyait des amendes allant jusqu’à 10.000 euros dès la première infraction pour un propos jugé déplacé. Une règle que beaucoup ont trouvée excessive, notamment après les affaires récentes impliquant Max Verstappen (sanctionné de travaux d’intérêt général pour un juron à Singapour) ou Charles Leclerc (amende pour un mot de trop). Carlos Sainz, lui, avait évité toute sanction à Bahreïn en présentant des excuses immédiates.

George Russell, président de l’Association des pilotes (GPDA), a donné son sentiment lors de la conférence de presse en marge du Grand Prix d’Émilie-Romagne de Formule 1 : « On est contents de revenir à la normale, mais ça n’aurait jamais dû changer. C’était ridicule dès le départ. »

Sous la pression, la FIA a donc revu sa position. L’amende maximale en cas de première infraction passe à 5.000 euros — soit une réduction de moitié — et les commissaires auront désormais la possibilité de prononcer des sanctions avec sursis, notamment lorsqu’il s’agit d’un premier manquement.

Autre changement clé : la distinction entre les environnements dits “contrôlés” (comme les conférences de presse) et “non contrôlés” (radio, paddock, situations de course). Une nuance qui pourrait éviter de punir les pilotes à chaud, dans des conditions émotionnelles intenses.

Un dialogue toujours en panne

Si la décision finale va dans le bon sens, la manière reste critiquée. Russell a déploré l’absence totale de concertation avec les pilotes : « Nous n’avons eu aucun échange direct avec la FIA. C’est décevant. Le dialogue doit aller dans les deux sens. »

La réforme a été décidée par e-vote, sans discussion préalable avec la GPDA — un fonctionnement que les pilotes dénoncent depuis plusieurs mois, estimant être régulièrement mis à l’écart des décisions qui les concernent directement.

Du côté de la FIA, on continue de défendre la mesure comme un outil d’éducation : « Les pilotes sont des modèles, mais il faut faire la différence entre une déclaration officielle et une réaction spontanée en piste », explique Ronan Morgan, président du comité des pilotes.

Garry Connelly, en charge des commissaires, insiste de son côté sur la nécessité d’un cadre “proportionné et contextualisé”. Quant à Mohammed Ben Sulayem, il s’est félicité d’une réforme « menée en collaboration avec les sept championnats FIA » — un propos en contradiction avec le sentiment d’exclusion exprimé par les pilotes.

Ce recul de la FIA peut sembler mineur, mais il révèle un rapport de force plus large. Les pilotes, emmenés par la GPDA, semblent plus unis et plus déterminés que jamais à faire entendre leur voix sur les questions de fond. Cette fois, ils ont gagné. Mais la fracture reste palpable. George Russell conclut sans triomphalisme : « Ce n’est pas un point de non-retour, mais on veut de l’écoute. Pour l’instant, elle n’est pas là. »

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