Accusée de collusion, la F1 aurait accepté la candidature de Cadillac pour 2026 sous la pression du Département de la Justice américain
L’entrée de Cadillac en Formule 1 à partir de 2026, annoncée lors du Grand Prix de Las Vegas, marque un tournant inattendu dans l’histoire récente du sport. Si cette décision réjouit certains fans américains désireux de voir une marque nationale rejoindre la grille, elle semble également être le résultat d’une série de pressions politiques et juridiques, notamment de la part du Département de la Justice des États-Unis (DOJ).
Tout a commencé avec Michael Andretti, qui, en passant par un processus de candidatures organisé par la FIA, espérait introduire sa propre équipe en Formule 1. Mais l’aventure a buté sur un mur : Liberty Media, détenteur des droits commerciaux de la F1, s’est opposé à l’entrée d’une nouvelle écurie sans garanties financières claires pour protéger les intérêts des dix équipes existantes.
Ce refus a attiré l’attention du DOJ, qui a lancé une enquête antitrust en août. Selon des sources bien informées, comme Joe Saward, cette enquête aurait révélé des communications sensibles entre certains cadres de la F1 et cinq des écuries les plus influentes : Mercedes, Ferrari, Aston Martin, McLaren et Red Bull. Ces échanges, supposément via WhatsApp, auraient démontré une collusion visant à bloquer l’entrée d’un nouvel acteur.
Le président actuel de Liberty Media, Greg Maffei, connu pour ses prises de position conservatrices, fait face à une période délicate avec l’intronisation prochaine de Donald Trump, qui reprendra ses fonctions à la Maison-Blanche en janvier. L’administration Biden, à travers le DOJ, avait intensifié sa surveillance sur plusieurs entreprises liées à Liberty, notamment Live Nation.
Pour éviter un scandale public et préserver son image, Liberty aurait préféré trouver un compromis rapide. L’arrivée de Cadillac, marque affiliée à General Motors, est apparue comme une solution idéale. Sous la direction de Dan Towriss, le projet a été reconfiguré, s’éloignant du nom d’Andretti pour se concentrer sur une identité plus « corporate ».
Malgré l’annonce officielle, cette décision soulève plusieurs questions. Si Cadillac bénéficie désormais d’une place sur la grille, rien n’indique que les relations entre Liberty Media, les équipes en place et la FIA soient apaisées. La Formule 1 risque-t-elle de se fragmenter davantage entre des intérêts sportifs et économiques parfois inconciliables ?
Par ailleurs, l’absence de mention d’Andretti dans l’annonce de Cadillac peut être perçue comme un signe de tensions persistantes. Ce changement de cap stratégique semble indiquer que General Motors souhaitait s’éloigner d’un contexte de confrontation pour maximiser ses chances de succès.
Pour Cadillac, cette entrée est une victoire stratégique, mais elle met également en lumière les limites du modèle économique actuel de la F1. Si la compétition est devenue un terrain de jeu lucratif pour les marques, les enjeux politiques et juridiques risquent de détourner l’attention du public de l’essentiel : l’esprit de compétition sur la piste.