Cela pourrait ressembler à un poisson d’avril mais non ! La réglementation 2026 pourrait être abandonnée au profit d’un retour des V10 en 2028
La Formule 1 envisagerait sérieusement de revenir aux moteurs V10 dès 2028, remettant en question la direction technologique prévue avec les nouvelles réglementations de 2026. Un changement de cap qui, s’il venait à se concrétiser, bouleverserait non seulement l’avenir des motorisations en F1, mais aussi l’équilibre politique et économique du championnat.
La réglementation 2026 devait marquer un tournant majeur avec une augmentation de l’électrification (50 % de la puissance issue du moteur électrique), l’adoption de carburants 100 % durables et l’introduction d’aérodynamique active. Toutefois, les échos en provenance des motoristes sont loin d’être rassurants.
Plusieurs sources rapportent que la complexité des nouvelles règles pose de sérieux défis aux ingénieurs, au point de freiner certaines écuries dans leur développement. Koji Watanabe, président de Honda Racing Corporation, a admis que le constructeur japonais, futur partenaire moteur d’Aston Martin, peine à maîtriser ces nouvelles technologies. Un aveu qui reflète les inquiétudes plus larges du paddock sur la viabilité des nouveaux moteurs.
Face à ces défis, l’hypothèse d’un retour aux V10 prend de l’ampleur. Selon Auto Motor und Sport, l’idée serait désormais discutée sérieusement en interne, et plusieurs scénarios sont envisagés. Si cette idée devait devenir réalité, deux approches sont possibles :
- Une suspension pure et simple des nouvelles règles de 2026 : dans ce cas, la F1 prolongerait les moteurs actuels jusqu’en 2027 avant de réintroduire les V10 sur carburants durables en 2028.
- Une adoption temporaire des moteurs 2026 : la réglementation actuelle entrerait bien en vigueur mais pour une durée réduite (trois ans au lieu de cinq), avec l’intention de basculer vers les V10 dès 2028.
Dans tous les cas, une décision de cette ampleur nécessiterait l’accord de la Commission F1, qui regroupe les écuries et les motoristes. Et c’est là que les choses se compliquent. Si certains constructeurs, comme Ferrari et Red Bull, semblent ouverts à un retour aux V10, d’autres pourraient s’opposer fermement à un tel projet.
Audi, par exemple, a basé tout son programme F1 sur la réglementation 2026 et verrait d’un très mauvais œil un changement aussi radical. Même Red Bull pourrait se retrouver en difficulté, son département moteur (Red Bull Powertrains) ayant investi massivement dans le développement du bloc 2026 en partenariat avec Ford.
Un retour aux V10 aurait néanmoins des avantages : ces moteurs sont plus simples, potentiellement moins coûteux à produire, et permettraient de réduire la taille et le poids des monoplaces, répondant ainsi à une critique récurrente des pilotes et des fans. De plus, en cas de retrait soudain de certains constructeurs – un scénario qui s’est déjà produit en 2008-2009 avec Honda, BMW et Toyota –, la présence de motoristes indépendants comme Cosworth pourrait sécuriser l’avenir du championnat.
Certains observateurs voient aussi derrière cette rumeur une manœuvre stratégique. Le président de la FIA, Mohammed Ben Sulayem, a récemment exprimé son intérêt pour une réintroduction des V10 avec des carburants durables, et certains pensent qu’il chercherait ainsi à se protéger en cas d’échec des règles 2026.
D’autres avancent que cette idée pourrait surtout avantager Cadillac. La marque américaine, qui rejoindra la F1 en 2026 avec un moteur Ferrari client, prévoit de produire son propre bloc à partir de 2028. Un retour aux V10 simplifierait considérablement la tâche du constructeur américain, lui évitant d’avoir à rattraper son retard sur des motoristes établis depuis des décennies.
L’idée d’un retour des V10 soulève autant d’enthousiasme que de scepticisme. Si elle peut séduire les puristes nostalgiques des sonorités enivrantes des moteurs atmosphériques, elle pose aussi des questions fondamentales sur l’avenir technologique et environnemental de la F1.