Des nouvelles du moteur Ford, partenaire de Red Bull en 2026

Ford assume les risques du moteur 2026 avec Red Bull, mais se dit confiant dans le projet et engagé sur le long terme malgré une réglementation incertaine.

Ford n’est pas un bleu en Formule 1. Entre 1963 et 2004, le géant de Détroit a signé l’une des plus riches pages de l’histoire des motoristes, cumulant 176 victoires, 535 podiums et 10 titres mondiaux aux côtés de Cosworth. Avec 573 départs, 139 pole positions et 59 écuries propulsées, le constructeur américain a longtemps été un pilier technique du paddock, au même titre que Ferrari, Renault ou Mercedes. Son dernier succès remonte à 2003, lorsque Giancarlo Fisichella s’imposa dans le chaos pluvieux d’Interlagos au volant d’une Jordan. Depuis, plus rien. Jusqu’au pari audacieux de 2026.

Pourtant, chez certains fans comme chez d’anciens ingénieurs, la nostalgie du V10 atmosphérique persiste. Le hurlement de ce moteur à 18 000 tours par minute, et de cette brutalité sensorielle aujourd’hui disparue, a poussé Mohammed Ben Sulayem, président de la FIA, à considérer son retour. Interrogé sur cette éventualité, Mark Rushbrook, directeur de Ford Performance, a été catégorique.

« Chez Ford Motor Company, nous pensons qu’il doit y avoir au moins une forme d’électrification », a-t-il déclaré, lors d’une interview chez Motorsport. « C’est aussi en partie ce qui nous a attirés vers la réglementation de 2026. Il s’agit de l’équilibre entre le moteur à combustion interne et l’électrification. »

Ce rejet clair du passé romantique donne une indication sur la philosophie de Ford pour sa nouvelle vie en F1 : pas question de raviver les cendres, l’objectif est de construire un futur performant, technologique et cohérent avec la transition énergétique.

Pour réussir ce retour stratégique, Ford ne fait pas cavalier seul. Le constructeur s’est allié à Red Bull Powertrains, la structure installée à Milton Keynes pour concevoir une unité de puissance entièrement maison. L’accord, annoncé il y a maintenant quelques années, vise à donner naissance à un moteur conforme aux nouvelles normes 2026, avec une électrique plus importante que jamais.

C’est un défi majeur, surtout pour un motoriste sans expérience récente de la Formule 1. Mais du côté de Ford, l’enthousiasme l’emporte sur l’inquiétude. Mark Rushbrook l’a expliqué : « Chaque fois qu’il y a de nouvelles règles, surtout si c’est pour l’unité de puissance et le châssis en même temps, il y a – je ne dirais pas de la peur, mais il y a – un risque connu que les équipes commencent à des niveaux différents. »

Avec une hybridation renforcée, un carburant 100 % durable et des contraintes énergétiques inédites, le règlement 2026 redéfinit l’équilibre entre innovation et spectacle. Certains craignent déjà que la discipline s’enlise dans des courses à l’économie, avec davantage de gestion que d’attaque. Rushbrook tempère : « Cela fait également partie du processus avec tous les fabricants », a-t-il déclaré. « Tout le monde a évidemment ses propres simulations et nous devons nous demander : qu’est-ce que cela signifie pour la course et le spectacle que nous offrons aux fans ?

Une ambition double : marketing et R&D

Ford n’a jamais caché que son retour visait aussi à redorer son blason technologique. La F1 sert ici de vitrine, mais aussi de laboratoire pour des transferts technologiques vers la série. L’intégration des systèmes électriques n’est pas un gadget, mais un levier stratégique.

« Cet équilibre doit-il être de cinquante-cinquante ? Non, pas nécessairement. Tant que nous voyons l’opportunité de contribuer, d’apprendre et d’utiliser la technologie pour nos voitures de série », a-t-il ajouté.

À long terme, Ford espère non seulement revenir dans le palmarès, mais aussi peser dans l’évolution du sport. Le message est clair : gagner, oui — mais pas à n’importe quel prix. La F1 doit aussi rester attrayante pour les fans : « Pour que le sport réussisse, nous devons tous travailler ensemble et nous assurer que le spectacle reste bon. Bien sûr, toutes les équipes veulent gagner, mais ensemble, nous partageons également la responsabilité de fournir de bonnes courses. »

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