Une ignorance crasse: Szafnauer descend les patrons d’Alpine

L’instabilité d’Alpine ne surprend pas Szafnauer : il accuse la direction de ne rien comprendre à la F1 et de chercher des solutions miracles inexistantes.

Otmar Szafnauer n’a jamais eu la langue dans sa poche, et son départ d’Alpine en 2023 ne l’a pas rendu plus diplomate. L’ancien directeur de l’écurie française s’est livré à une critique acerbe de ses anciens employeurs, fustigeant leur méconnaissance profonde du sport automobile et leur approche irréaliste de la gestion d’une équipe de F1.

Szafnauer, qui avait rejoint Alpine après une longue période chez Force India/Aston Martin, a rapidement perçu un décalage entre les attentes des dirigeants et les exigences réelles de la F1. Selon lui, la direction du Groupe Renault et les nouveaux investisseurs, dont le consortium américain Otro Capital, n’avaient aucune idée de la complexité du sport.

« Dans le passé, les patrons d’écurie étaient des gens issus du monde du sport automobile, avec une compréhension profonde de ce qu’il faut pour gagner. Aujourd’hui, certains propriétaires regardent la F1 comme un simple sport où il suffirait de changer quelques éléments pour réussir immédiatement, comme dans le football », a-t-il déclaré sur le podcast Formula For Success.

L’Américain d’origine roumaine a illustré son propos en rappelant le temps qu’il faut pour bâtir une équipe performante. « Red Bull a mis cinq ans à devenir champion sous la direction d’Adrian Newey. Mercedes, après avoir racheté Brawn GP, a aussi mis cinq ans à retrouver le sommet. Ce sont des projets à long terme. »

Là où Szafnauer pointe du doigt une « ignorance crasse », c’est sur la gestion humaine et stratégique d’Alpine. Il affirme que ses supérieurs lui ont demandé de licencier en masse pour provoquer un changement rapide. « Ils voulaient que je vire 20 % du personnel, comme si cela pouvait transformer l’équipe du jour au lendemain. Mais ce n’est pas ainsi qu’on construit une culture de la performance en F1. »

Cette philosophie de la restructuration brutale s’inscrivait dans une volonté d’accélérer le succès d’Alpine, qui stagnait en milieu de grille malgré des ambitions élevées. Laurent Rossi, alors PDG d’Alpine, avait d’ailleurs publiquement pointé du doigt Szafnauer comme responsable des résultats décevants avant d’être lui-même remplacé.

Depuis le départ de Szafnauer, Alpine a poursuivi sa valse des dirigeants. Bruno Famin lui a succédé avant d’être lui-même évincé, tandis que Flavio Briatore a été nommé conseiller exécutif et que l’équipe a choisi de se tourner vers les moteurs Mercedes à l’horizon 2026.

Ces bouleversements ont alimenté les spéculations sur une possible vente de l’écurie, une hypothèse que Renault dément pour le moment. Mais dans un contexte où la direction semble toujours en quête d’un projet cohérent, difficile d’imaginer Alpine retrouver les sommets à court terme.

Quant à Szafnauer, désormais libre de tout engagement contractuel, il se dit prêt à relever un nouveau défi en F1. À condition, cette fois, que les propriétaires sachent où ils mettent les pieds.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *