La République Démocratique du Congo torpille la candidature du Rwanda en F1

“Un GP taché de sang” : la lettre choc envoyée à Domenicali. La RDC somme la Formule 1 de rejeter le Rwanda, accusé de financer une rébellion meurtrière

Alors que la Formule 1 cherche à renforcer son ancrage en Afrique, un conflit géopolitique vient compliquer ses ambitions. La République Démocratique du Congo (RDC) a officiellement appelé la F1 à rejeter la candidature du Rwanda pour l’organisation d’un Grand Prix, accusant Kigali de soutenir une rébellion armée responsable de milliers de morts et de déplacés dans l’est du pays. Une prise de position qui dépasse le cadre sportif et plonge ses racines dans une crise régionale explosive.

Depuis 2022, la RDC affronte le groupe rebelle M23, actif dans la province du Nord-Kivu. Les Nations unies, dans plusieurs rapports, ont pointé du doigt le soutien militaire et logistique du Rwanda à cette milice – des accusations fermement rejetées par Kigali. Les récents combats autour de Goma, ville stratégique frontalière, ont fait près de 2.900 victimes selon l’ONU et provoqué le déplacement de plus de 700.000 civils. C’est sur ce terrain miné que la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a adressé une lettre à Stefano Domenicali, patron de la F1, pour dénoncer une éventuelle collaboration avec le Rwanda.

Dans ce courrier, révélé par City AM et authentifié par Motorsport.com, Wagner s’exprime sans détour : « La Formule 1 veut-elle vraiment que sa marque soit entachée par une association tachée de sang avec le Rwanda ? ». Un avertissement qui vise directement la stratégie du président rwandais Paul Kagame, qui promeut un projet de circuit permanent près de l’aéroport de Bugesera, en marge du gala annuel de la FIA organisé à Kigali. Pour la RDC, ce Grand Prix s’inscrirait dans une campagne de légitimation internationale du Rwanda, malgré les tensions persistantes.

Kigali ne cache pas ses ambitions : après avoir accueilli des clubs de football européens sous la bannière « Visit Rwanda » – partenariat aujourd’hui contesté par la RDC auprès d’Arsenal, du Bayern Munich et du PSG –, le pays s’apprête à organiser les championnats du monde de cyclisme en septembre 2024. Une vitrine touristique et politique que la RDC perçoit comme une menace, dans un contexte où les deux nations s’accusent mutuellement de déstabilisation.

Si le Rwanda mise sur l’innovation – avec un circuit flambant neuf –, l’Afrique du Sud pourrait jouer les trouble-fêtes. Le pays, absent du calendrier F1 depuis 1993, propose deux options : le retour sur le tracé historique de Kyalami, près de Johannesburg, ou une course urbaine au Cap. Une alternative séduisante pour la F1, soucieuse de diversifier ses implantations sans s’exposer aux polémiques.

Interrogée sur le sujet, la direction de la F1 reste prudente : « Nous évaluons chaque demande en détail, en fonction des intérêts du sport et de nos valeurs », a déclaré un porte-parole. Un équilibre délicat entre opportunité économique et responsabilité politique, alors que le sport automobile cherche à s’implanter durablement en Afrique.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *