Exclusif : Briatore, « l’homme des basses œuvres », dénonce le maire de Viry-Châtillon

Renault se prépare à sacrifier un symbole de « l’excellence française », déclenchant une vague de mobilisation à Viry-Châtillon

La décision brutale de Renault d’arrêter le développement des moteurs de Formule 1 à l’usine de Viry-Châtillon a provoqué une onde de choc bien au-delà des murs de l’entreprise. Dans une interview exclusive, le maire de Viry-Châtillon, Jean-Marie Vilain, ulcéré par cette décision, n’a pas mâché ses mots, dénonçant l’attitude de Flavio Briatore, qu’il décrit comme « l’homme des basses œuvres ». Retour sur une affaire qui suscite indignation, incompréhension et colère.

Alors que l’été tire à sa fin, une tempête se prépare autour du site historique de Viry-Châtillon, le berceau des moteurs qui ont propulsé plusieurs équipes, vers les sommets de la Formule 1. Une décision difficile à digérer semble se profiler à l’horizon : la fin de la production des blocs moteurs pour Alpine F1 sur ce site emblématique. Ce bouleversement pourrait marquer la fin d’une ère et menacer des centaines d’emplois.

Renault, figure historique de la F1, a annoncé la fin du développement des moteurs de Formule 1 à Viry-Châtillon, une décision perçue comme un coup de massue pour les employés et les habitants de la ville. Le maire de Viry-Châtillon, visiblement touché, a rappelé l’attachement profond des Castelvirois à ce site, qualifiant cette annonce de « catastrophe » pour sa commune. « Renault et Viry, c’est une histoire ancienne. Depuis 50 ans, ce site rayonne dans le monde entier grâce à la Formule 1. Aujourd’hui, voir cette histoire balayée d’un revers de main est tout simplement dramatique », s’est-il insurgé lors d’une conversation téléphonique.

Au cœur de cette crise, deux élus locaux, Aurélien Péroumal et Patricia Jollant Stella, ont également sonné l’alarme. Lors d’un récent entretien qu’ils nous ont accordé , ils ont exprimé leur profonde inquiétude face à l’avenir incertain des 350 salariés du site, sans compter les prestataires et fournisseurs qui dépendent de cette activité. Pour eux, il est inacceptable que cette décision, qui pourrait avoir des répercussions nationales, soit prise sans une concertation véritable avec les acteurs locaux et dans le mépris du patrimoine industriel de la région.

Ces derniers sont signataires de l’Appel à la mobilisation du maire et des élus de Viry-Châtillon, qui a déjà recueilli plus de 200 signatures (dont celles d’une centaine d’édiles). Ils prévoient en outre de présenter une motion pour le maintien des emplois et de l’activité du site d’Alpine Racing lors du prochain conseil municipal, le 25 septembre. Leur objectif ? Adresser un message fort à la direction de Renault et obtenir des garanties claires quant à l’avenir du site et des emplois. « C’est toute une filière qui pourrait s’effondrer, avec la perte inestimable d’une excellence artisanale unique, de savoir-faire et d’opportunités de formation », préviennent-ils.

Aurélien Péroumal et Patricia Jollant Stella, conseillers municipaux à Viry-Châtillon

L’annonce de cette possible fermeture pendant la période estivale n’a pas été bien accueillie par les représentants des salariés et les élus locaux. Ils accusent la direction de Renault, sous l’impulsion de son nouveau PDG Luca de Meo, de vouloir passer cette décision en douce, loin de l’attention médiatique et publique. Les promesses de sauvegarde des emplois, selon eux, ne sont que « des effets d’annonce », sans substance réelle. « Nous ne faisons pas confiance à Bruno Famin et à ses belles paroles. Nous avons déjà vu ce que Renault a fait à Lardy, avec 1500 licenciements », s’insurgent-ils. La comparaison avec Lardy est glaçante pour ceux qui connaissent l’histoire : une restructuration brutale qui a laissé des centaines de familles sur le carreau.

Le maire n’a pas manqué de souligner l’absurdité de la décision de Renault, basée selon lui sur des résultats sportifs récents plutôt que sur l’histoire et l’expertise accumulée au fil des décennies. « Mercedes, Ferrari, ils ont tous connu des périodes difficiles, mais ils n’ont jamais sacrifié leur savoir-faire pour autant. Renault, c’est des décennies de victoires en F1, des titres de champions du monde. Aujourd’hui, tout est remis en question pour quelques résultats décevants », a ajouté Jean-Marie Vilain.

Le maire, visiblement ému, a fait une comparaison poignante entre la situation actuelle de Viry-Châtillon et deux symboles de l’innovation française disparus : le paquebot France et le Concorde. « Je ne peux m’empêcher de penser à mon père, qui a travaillé pour la Compagnie Générale Transatlantique, et à toute la tristesse qu’il a ressentie, comme tant d’autres, lorsque la France a abandonné le paquebot France. C’était pareil avec le Concorde, un chef-d’œuvre technologique que le monde entier nous enviait. Aujourd’hui, nous assistons à un abandon similaire, mais cette fois-ci, c’est le moteur Renault F1, un fleuron de la haute technologie française, que l’on s’apprête à sacrifier. Abandonner cela, c’est abandonner une part de notre âme d’innovateurs », a-t-il déclaré.

Monsieur Vilain a réservé ses mots les plus durs pour Flavio Briatore, récemment revenu chez Alpine, qu’il accuse d’avoir orchestré cette manœuvre. « Je ne sais pas si Flavio Briatore est directement responsable de cette décision mais c’est l’homme des basses œuvres. Il arrive avec ses gros sabots, sans tenir compte de l’histoire de ce site ni des 350 techniciens de haut vol qui y travaillent. On ne peut pas décider de balayer toute cette expertise en quelques semaines, tout cela pour acheter un moteur ailleurs », a-t-il dénoncé avec virulence.

Jean-Marie Vilain, maire de Viry-Châtillon

Alors que le maire appelle à une mobilisation pour sauver ce qu’il décrit comme « un des fleurons de la haute technologie française », le silence des figures emblématiques de la F1, comme Alain Prost et Jacques Laffite, est jugé inquiétant. « Ce sont des personnes qui ont des contacts. Leur appui pourrait être décisif pour mobiliser l’opinion publique et sauver ce site. Mais jusqu’à présent, ils restent muets », a-t-il regretté, tout en envisageant des actions plus spectaculaires pour faire entendre raison à la direction de Renault.

Les élus appellent d’ores et déjà à une mobilisation massive à la rentrée pour soutenir les salariés de Viry-Châtillon. Une pétition en ligne a été lancée, et des actions sont prévues pour sensibiliser la population et les médias. Ils insistent sur le fait que cette lutte dépasse les simples enjeux locaux : elle touche à l’avenir de l’industrie française et à la capacité de notre pays à rester compétitif dans un secteur aussi exigeant que la F1.

Nous avons contacté le représentant syndical du groupe Renault et nous ne manquerons pas de vous faire part de son sentiment. Le combat pour sauver l’usine Alpine-Renault de Viry-Châtillon ne fait que commencer.

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