L’accident de Jules Bianchi en 2014 a laissé des traces. Son mécanicien chez Marussia, Calum Nicholas, confie combien ce drame l’a marqué à vie

Lorsque Jules Bianchi a perdu la vie en 2015 des suites de son accident au Grand Prix du Japon, la Formule 1 a connu l’un de ses drames les plus marquants de son histoire. Mais au-delà de la perte d’un jeune pilote talentueux, cette tragédie a laissé des cicatrices profondes dans le paddock, notamment pour ceux qui travaillaient au plus près du Français. Parmi eux, Calum Nicholas, aujourd’hui ingénieur chez Red Bull, se souvient avec douleur du rôle qu’il a joué malgré lui dans cette histoire.
Calum Nicholas a fait ses débuts en F1 en 2011 en tant que mécanicien chez Marussia. À seulement 24 ans, il était loin d’imaginer que son premier poste dans le sport automobile allait être marqué par un drame personnel. En 2014, alors que Bianchi réalisait une saison prometteuse, le Français a été victime d’un terrible accident à Suzuka en percutant une grue de dépannage sous une pluie battante. Après neuf mois dans le coma, il s’est éteint à l’âge de 25 ans.
Nicholas, qui faisait partie de l’équipe responsable de l’entretien et de la préparation de la monoplace de Bianchi, a vécu cet événement comme un choc. Il a confié au Times : « Je n’étais absolument pas préparé, à 24 ans, à être responsable d’avoir construit une voiture dans laquelle quelqu’un est mort. Même si l’accident n’était pas dû à une défaillance mécanique, la culpabilité m’a brisé pendant un moment. »
Un sentiment de responsabilité pesant, bien que dénué de fondement technique, mais qui illustre l’impact psychologique qu’un tel drame peut avoir sur ceux qui, dans l’ombre, conçoivent et entretiennent ces machines de haute précision.
Après la disparition de Bianchi, Nicholas a quitté Marussia à la fin de la saison 2014 et a poursuivi sa carrière en rejoignant Red Bull. Il est aujourd’hui une figure incontournable de l’écurie autrichienne, souvent mis en avant dans la série Drive to Survive et occupant un rôle clé dans l’équipe technique de Max Verstappen.
Mais malgré le succès et les titres glanés avec Red Bull, l’ingénieur britannique n’a jamais oublié cette période marquante. Son expérience lui a donné une perspective unique sur la sécurité en F1, un domaine qui a énormément progressé depuis l’accident de Bianchi. Le halo, introduit en 2018, est en grande partie le fruit des leçons tirées de Suzuka.
Outre son travail en F1, Nicholas s’investit aujourd’hui dans des initiatives visant à améliorer la diversité dans le sport automobile. Il a notamment participé aux travaux de la Hamilton Commission, lancée par Lewis Hamilton pour favoriser l’inclusion dans le milieu de la course.
Il se souvient de sa rencontre avec le septuple champion du monde : « C’était assez intimidant d’avoir un pilote comme Lewis intéressé par mon parcours. Il a pris des risques personnels pour faire avancer l’industrie et cela m’a inspiré. »
L’histoire de Nicholas est celle d’un passionné qui a dû affronter un traumatisme inattendu dans son parcours. Son témoignage rappelle que la F1, au-delà des victoires et des performances, est un sport où l’humain est toujours en première ligne face aux risques. Et si le deuil de Bianchi a été une épreuve, il continue aujourd’hui d’influencer ceux qui l’ont connu et ceux qui, comme Nicholas, œuvrent en coulisses pour un sport plus sûr et plus ouvert.
Everybody deserves someone who looks at them like @F1mech looks at @Max33Verstappen #BrazilianGP #F1 #gottaloveit pic.twitter.com/fqC8kAYVXM
— Rob Beltman (@rbeltman) November 3, 2024