Dominé par Charles Leclerc et frustré à la radio, Lewis Hamilton vit une période complexe. Alain Prost, lui, croit en son retour au top et dénonce la pression médiatique actuelle.

Le début d’aventure de Lewis Hamilton chez Ferrari ne se déroule pas comme ses fans en rêvaient. Toujours loin des podiums, devancé par son coéquipier Charles Leclerc, et manifestement agacé par certaines consignes d’équipe, le septuple champion du monde essuie une pluie de critiques, notamment sur les réseaux sociaux. Pourtant, Alain Prost refuse de céder à l’idée d’un Hamilton en déclin.
Hormis un coup d’éclat lors de la course sprint à Shanghai, Hamilton peine à s’adapter à la SF-25. Depuis son arrivée à Maranello, le Britannique n’a pas encore réussi à monter sur le podium, contrairement à Leclerc, qui s’est illustré à Djeddah avec une solide troisième place. De son côté, Hamilton semble encore chercher ses marques, souvent englué dans le milieu de grille.
Le principal intéressé ne s’en cache pas. Il reconnaît traverser une période d’ajustement plus délicate que prévue, parlant d’une saison de transition, marquée par la frustration. À Miami, bien que son rythme ait été plus proche de celui de Leclerc, les tensions sont remontées à la surface. Lorsqu’on lui a demandé de laisser passer son coéquipier, Hamilton a répliqué de manière piquante : « Autant laisser passer Sainz aussi, tant qu’on y est. »
Pour Alain Prost, il est bien trop tôt pour tirer des conclusions définitives. Dans une interview accordée à L’Équipe, l’ancien champion français déplore l’impact grandissant des réseaux sociaux sur l’opinion autour des pilotes : « Si on les écoute, Norris n’a aucune chance et Hamilton est fini. »
Selon lui, Hamilton paie le prix de sa transparence : « Il a toujours su reconnaître ses torts, c’est sa force. Mais à force de le faire aussi ouvertement, il donne des armes à ses détracteurs, et peut-être aussi entame un peu sa propre confiance. »
Prost rappelle que le sprint de Shanghai a démontré que le Britannique restait un redoutable compétiteur, capable de briller quand les conditions s’y prêtent : « Ce qu’il a montré en Chine prouve qu’il est toujours là. »
Ferrari, pression médiatique et souvenirs amers
Prost sait mieux que quiconque à quel point l’environnement Ferrari peut être pesant. Lui-même en a fait les frais en 1991, remercié après avoir comparé sa voiture à un « camion ». À cela s’ajoute aujourd’hui le poids des réseaux sociaux, qui démultiplient la pression et figent certains pilotes dans des récits simplistes.
Le Français confie d’ailleurs envisager de quitter les plateformes en ligne, lui qui continue de recevoir des messages virulents autour de son ancienne rivalité avec Ayrton Senna : « J’ai l’impression que ma vie se résume encore aujourd’hui à ce duel Prost-Senna. »
Pour Prost, Lewis Hamilton traverse une période d’adaptation normale, dans un cadre encore instable. Il ne voit pas un pilote en perte de vitesse, mais plutôt un champion qui doit apprivoiser une nouvelle machine, une nouvelle équipe, et surtout un nouvel environnement scruté à la loupe.
Selon lui, tirer un trait sur un septuple champion du monde après quelques courses est un réflexe de l’ère numérique, rapide mais souvent injuste. Le chapitre Hamilton-Ferrari ne fait que commencer, et s’il est impossible d’en prédire l’issue, Prost reste persuadé qu’il serait prématuré de le refermer si vite.