Oliver Oakes a-t-il fui un navire en perdition ? Son départ éclaire les déboires internes d’Alpine, entre exode massif et tensions
Le départ brutal d’Oliver Oakes à la tête d’Alpine F1 continue d’intriguer le paddock. Officiellement lié à des “raisons personnelles”, le retrait immédiat du Britannique, annoncé à peine douze heures après la titularisation surprise de Franco Colapinto pour cinq Grands Prix, soulève de nombreuses questions. Et certains observateurs n’hésitent plus à parler d’un malaise plus profond.
Lundi soir, on annonce le remplacement de Jack Doohan par Franco Colapinto, surprenant une partie du paddock. Le mardi, Oliver Oakes officialise son départ. Flavio Briatore, désormais homme fort d’Enstone, s’est empressé de démentir toute tension interne, parlant de “motifs personnels” pour expliquer le départ d’Oakes.
Pourtant, plusieurs sources au sein du paddock évoquent un tout autre scénario. Sur le podcast de Sky Sports F1, Karun Chandhok a été plutôt direct : « Je sens qu’il y a un rat. Je pense qu’il y a quelque chose de plus pourri dans l’état d’Alpine. Il n’a pas quitté l’un des postes les plus prestigieux du sport pour une simple décision de pilote. Entre Doohan et Colapinto, il n’y a pas de différence majeure, ce sont deux profils similaires. Donc pour moi, il se passe autre chose. »
L’ancien pilote et consultant de Sky évoque des désaccords internes bien plus profonds, liés à la structure même de l’équipe.
Depuis son arrivée, Oakes s’était entouré de plusieurs fidèles issus de Hitech pour remodeler l’organigramme d’Enstone. Mais ces dernières semaines, les départs se sont multipliés. Selon Chandhok, on parle même d’une véritable fuite des cerveaux vers Cadillac, avec cinq nouvelles pertes parmi les ingénieurs et mécaniciens de l’équipe course. « Sept directeurs d’équipe depuis 2020… Ça ne respire pas vraiment la stabilité », a-t-il souligné.
Cette instabilité chronique semble témoigner d’une crise de gouvernance bien plus profonde que ne le laissent entendre les déclarations officielles.
Le rôle de Briatore dans le viseur
Derrière ce départ brutal, beaucoup pointent du doigt l’omniprésence de Flavio Briatore. Officiellement, le rôle de l’Italien se limitait aux affaires politiques et au développement stratégique, laissant le sportif et la gestion quotidienne à Oakes. Mais plusieurs sources indiquent que cette répartition des tâches aurait été de plus en plus floue.
Craig Slater, journaliste pour Sky Sports News, nuance cependant : « On m’a expliqué qu’Oakes était à l’aise pour gérer l’usine et la compétition, pendant que Briatore s’occupait des affaires politiques. Peut-être que Flavio a empiété sur son terrain, mais tout ce qu’on m’indique, c’est que le changement de pilote n’est pas le vrai motif du départ. »
En d’autres termes, l’arrivée de Colapinto ne serait que l’étincelle qui a mis le feu aux poudres, révélant un malaise plus profond.
Alpine semble prisonnière d’une instabilité chronique : en cinq ans, l’équipe a changé de directeur plus souvent que n’importe quelle autre structure de la grille. Oakes, malgré son réseau et ses ambitions, n’aura pas fait exception.
La gestion bicéphale Oakes–Briatore, sur le modèle du duo Stella–Brown chez McLaren, a montré ses limites. Alors que l’équipe tentait de se stabiliser avec l’arrivée de nouveaux talents comme Colapinto, les désaccords internes ont précipité ce départ.