McLaren paye son passé. Malgré son sacre, l’équipe n’est que 4e en primes, pénalisée par un système favorisant les anciens leaders

Sacrée championne du monde des constructeurs en 2024, McLaren aurait pu s’attendre à être la grande gagnante sur le plan financier. Pourtant, la répartition des primes en F1 obéit à des règles bien plus complexes qu’un simple classement annuel. Malgré son succès, l’écurie de Woking ne se classe qu’au quatrième rang des équipes les mieux rémunérées par la FOM. Explications.
Contrairement à d’autres sports où la répartition des gains est transparente, la Formule 1 fonctionne selon un modèle contractuel peu accessible au grand public. Les paiements aux écuries sont définis par les clauses de l’Accord Concorde, un document confidentiel qui régit les relations entre la FIA, la FOM et les équipes engagées.
Dans ce cadre, si la position au championnat influence la répartition des revenus commerciaux, elle n’est pas le seul critère. Des bonus historiques et des primes de performance sur la dernière décennie viennent s’ajouter, faussant ainsi la répartition purement sportive.
Parmi les facteurs expliquant le déclassement financier de McLaren, l’un des plus notables est l’avantage dont bénéficie Ferrari. En tant que seule équipe présente depuis les débuts du championnat du monde en 1950, la Scuderia perçoit une prime d’environ 5 % du fonds de redistribution total. Cette somme, estimée à 63,3 millions de dollars en 2025, est versée avant même toute prise en compte du classement de la saison précédente.
Un autre élément majeur dans la répartition des primes est une allocation spécifique aux équipes ayant régulièrement performé au cours des dix dernières saisons. Ce système de points, attribuant un score en fonction des positions finales au championnat des constructeurs sur la période 2015-2024, avantage logiquement les écuries ayant dominé la discipline sur le long terme.
Ainsi, Mercedes (22 points), Red Bull (17 points) et Ferrari (16 points) se partagent la majeure partie d’un fonds spécifique de 253,2 millions de dollars, laissant McLaren, malgré son titre, avec une part nettement plus réduite (4 points, soit 16,88 millions de dollars).
Une fois ces primes spéciales déduites, le reste du fonds – environ 949,5 millions de dollars – est redistribué en fonction du classement final de la saison 2024. McLaren, en tant que championne, empoche logiquement la plus grosse part avec 132,9 millions de dollars. Cependant, si l’on additionne toutes les sources de revenus, Ferrari demeure l’écurie la mieux payée avec un total estimé à 255,2 millions de dollars, suivie de Mercedes (199,1 M$) et Red Bull (186,8 M$). McLaren, avec 149,8 millions de dollars, ne figure donc qu’au quatrième rang.
Ce décalage entre succès sportif et rémunération pose question. Si McLaren bénéficie d’un gain financier substantiel par rapport aux saisons précédentes, son classement en termes de primes souligne l’influence persistante des performances passées et du statut historique des équipes. De quoi alimenter le débat sur l’équité du système de redistribution des revenus en F1.
Source : The Race