Il a fallu deux Williams pour retenir Hadjar en Arabie saoudite

En Arabie saoudite, Isack Hadjar a été piégé par une stratégie de DRS bien huilée chez Williams. Sainz et Albon ont tenu bon jusqu’au drapeau à damier.

Sur le papier, une 8e et une 9e place n’ont rien d’extraordinaire. Mais à Djeddah, sur ce circuit de haute vitesse où chaque manœuvre est un équilibre entre audace et calcul, Williams a livré une leçon de stratégie collective, en réussissant à contenir un rookie en feu à l’aide d’un plan à deux têtes.

Car si Isack Hadjar a une nouvelle fois brillé dans sa Racing Bulls, il s’est heurté à un mur tactique signé Grove, conçu pour lui barrer la route dans les derniers tours. Et à ce petit jeu, il a fallu mobiliser deux monoplaces parfaitement coordonnées pour tenir jusqu’au drapeau.

Tout s’est joué dans le dernier tiers de la course. Hadjar fondait sur le duo Albon-Sainz, en passe de récolter de gros points pour Williams. Voyant le Français revenir dangereusement, l’équipe a déclenché une consigne aussi rare qu’efficace : demander à Carlos Sainz de maintenir volontairement Albon dans la zone de DRS, non pas pour un dépassement, mais pour… le protéger.

Résultat : un “train de DRS” où Hadjar, privé d’effet de surprise et d’avantage en ligne droite, n’a jamais trouvé l’ouverture. Impossible de doubler l’un sans risquer une contre-attaque immédiate de l’autre. Et sur un circuit où l’air sale, la chaleur et la proximité des murs imposent la prudence, la fenêtre de tir était minuscule.

« On m’a dit de rester proche d’Alex pour qu’il ait le DRS. C’était risqué, mais ça a fonctionné », a expliqué Sainz après la course, selon Motorsport. « À Djeddah, une erreur coûte très cher, donc il fallait être très précis. »

Ironie de l’histoire, cette stratégie n’avait pas été conçue pour Hadjar. Lors des briefings d’avant-course, c’est Pierre Gasly – alors en forme sur un relais long – que Williams anticipait comme la principale menace. L’abandon du pilote Alpine a simplement réorienté la manœuvre tactique vers Hadjar, qui a hérité du rôle de chasseur… sans jamais pouvoir franchir la dernière ligne de défense.

« On a vraiment couru en équipe aujourd’hui. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut appliquer ce genre de stratégie à la lettre », a salué Albon. « Si on avait roulé chacun pour soi, Hadjar serait passé, c’est certain. »

Au-delà de la beauté du geste, l’opération a rapporté six points à Williams, et permis à l’écurie de griller Haas au classement. Pour Carlos Sainz, cette performance est symbolique dans son intégration chez Williams. Moins à l’aise en début de saison, il signe là son meilleur résultat sous ses nouvelles couleurs — et envoie un signal encourageant. « Je savais que l’adaptation prendrait du temps. Là, je sens qu’on avance. La voiture me parle de plus en plus. »

Quant à Isack Hadjar, il a une nouvelle fois démontré beaucoup de maturité pour un rookie. Opportuniste, propre, incisif… mais battu cette fois par la rigueur d’une équipe rodée aux fins de course sous pression. « Il a mis une vraie pression, mais on ne lui a jamais laissé la faille », résume Sainz.

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