Ferrari peut-elle confirmer son retour en forme à Barcelone ? Leclerc et Vasseur tempèrent, mais McLaren les voit déjà comme une menace sérieuse en Espagne.

Ferrari sort d’un week-end très positif à Monaco, mais au sein même de la Scuderia, on se garde bien de parler d’un véritable tournant. Alors que ses rivaux, McLaren en tête, s’attendent à voir les Ferrari performantes à Barcelone, l’écurie italienne préfère se montrer prudente.
À Monte-Carlo, Charles Leclerc a semblé intouchable jusqu’aux qualifications du samedi, avant que Lando Norris ne s’impose le dimanche. Pourtant, le Monégasque lui-même avait tempéré les attentes en début de week-end : « Je pensais vraiment que le circuit ne conviendrait pas à notre voiture. » Les virages lents du tracé princier devaient, en théorie, exposer les points faibles habituels de la SF-25. Mais la réalité a été bien différente.
Comment expliquer ce revirement ? Leclerc propose une explication technique assez simple, selon des propos rapportés par MotorsportWeek : « À Monaco, où il n’y a quasiment que des virages lents, on peut régler la voiture sans faire de compromis. On optimise tout pour ces portions, sans pénaliser le reste. Mais ça ne marche pas ailleurs. » À Barcelone, le défi sera bien différent. Le circuit catalan, avec ses courbes rapides (dont le fameux virage 3), demande une monoplace polyvalente. « Sur d’autres circuits, on a plus de contraintes, on doit trouver des compromis. »
Un doute que Fred Vasseur partage. Le patron de la Scuderia salue les progrès récents, surtout en qualifications, mais refuse de crier victoire trop vite. « Même si nous n’étions pas satisfaits de la deuxième place, nous avons mieux préparé le week-end. Mais ce n’est pas parce que ça a fonctionné ici que ça fonctionnera partout », prévient-il. Les déceptions de Miami ou Imola, en partie liées à des difficultés à bien faire fonctionner les pneus neufs, sont encore bien présentes dans les esprits.
Chez McLaren, en revanche, on ne fait pas preuve de la même réserve. Andrea Stella, le directeur de l’équipe, garde un œil très attentif sur Ferrari : « Vu leur vitesse dans les virages 3, 4 et 12 [à Monaco], je pense qu’ils peuvent aussi être rapides à Barcelone. » Selon lui, le tracé catalan est un excellent test, un bon indicateur à mi-chemin entre les circuits très rapides comme Djeddah et les plus lents comme Montréal.
Stella, toujours pragmatique, ne veut pas tirer de conclusions trop vite mais reste lucide : « Nous allons affronter des circuits un peu hybrides. Barcelone entre dans cette catégorie. Si Ferrari a été aussi performante dans certains types de virages à Monaco, cela pourrait bien se retrouver ici. » La McLaren MCL39, à l’aise sur les tracés rapides mais moins souveraine sur les gros freinages, pourrait effectivement y trouver une Scuderia très compétitive.
Ferrari a beaucoup à prouver ce week-end. Un bon résultat en Espagne confirmerait les progrès entrevus depuis Imola et rassurerait sur sa capacité à se battre avec McLaren et Red Bull sur des pistes plus traditionnelles. Une contre-performance, à l’inverse, renforcerait l’idée que Monaco n’était qu’une éclaircie passagère.
« Il faut qu’on garde l’esprit ouvert. La progression n’est pas linéaire. On doit repartir de zéro à chaque course », a déclaré Leclerc. À Barcelone, sur un circuit complet et très révélateur du potentiel global des voitures, Ferrari saura vite si elle a vraiment franchi un cap — ou si elle cherche encore cette précieuse régularité.