Audi en quête de fonds pour son équipe F1 ? La crise chez Volkswagen pourrait pousser Audi à vendre une part de son écurie, le Qatar étant pressenti
La crise qui secoue le groupe Volkswagen, marquée par des coupes budgétaires massives et des fermetures d’usines chez Audi, pourrait-elle mettre en péril les ambitions de la marque aux anneaux en Formule 1 ? En quête de succès pour leur entrée officielle dans la discipline en 2026, les dirigeants d’Audi se trouvent confrontés à des défis financiers considérables, à la fois dans leur transformation interne et dans la reprise de l’écurie Sauber, un investissement que certains estiment à près de 600 millions de dollars. La question de la viabilité financière et de l’engagement à long terme est aujourd’hui au centre des préoccupations.
Pour concrétiser leur projet F1, Audi avait initialement prévu une prise de contrôle totale de Sauber. Mais, en raison des turbulences internes et de la nécessité de rationaliser les coûts, la marque pourrait finalement opter pour une vente partielle de son écurie à des investisseurs extérieurs. Parmi les candidats potentiels figure le fonds souverain du Qatar, la Qatar Investment Authority (QIA), qui serait en discussion pour acquérir une petite participation tout en laissant Audi majoritaire, selon The Race.
Cette décision pourrait sembler contradictoire avec les ambitions d’Audi de devenir une équipe indépendante et puissante en F1. Pourtant, des exemples récents montrent que des investissements stratégiques de fonds souverains dans des équipes de F1 permettent aux constructeurs de sécuriser des fonds sans perdre le contrôle. Le cas de Daimler, copropriétaire minoritaire de Mercedes F1 aux côtés de Jim Ratcliffe et de Toto Wolff, montre qu’une telle configuration peut rester performante, voire dominante.
Cette ouverture vers le capital extérieur est loin d’être isolée dans le monde de la F1. Depuis quelques années, les écuries attirent les investissements d’acteurs institutionnels, principalement des fonds du Moyen-Orient et des États-Unis. Aston Martin a récemment vendu des parts à Arctos Partners et pourrait en céder davantage à d’autres fonds américains. Le fonds saoudien, Public Investment Fund, détient déjà des parts dans Aston Martin et envisage de renforcer ses liens avec la marque, qui évolue également en F1.
Ces manœuvres financières traduisent l’attractivité de la F1, devenue un terrain d’investissement très rentable grâce à la croissance de son audience mondiale. La participation de QIA dans Audi F1 pourrait donc répondre à la fois à un besoin d’optimisation des coûts et à une opportunité d’associer la marque Audi à un partenaire influent, déjà impliqué dans la discipline via le Grand Prix du Qatar et Qatar Airways, sponsor de la F1.
Pour Audi, la restructuration de Sauber implique de lourds investissements dans les infrastructures de Hinwil, en Suisse, pour en faire un centre de développement aux standards des écuries modernes de F1. Or, les coûts initiaux de cette transformation sont rapidement montés en flèche, poussant les dirigeants à revoir leur approche. Ce tournant est également accompagné de changements dans la gestion de l’écurie, avec le départ d’Andreas Seidl et Oliver Hoffmann, remplacés par Mattia Binotto et Gernot Dollner. Ce remaniement vise à clarifier les responsabilités dans une équipe en pleine mutation.
Pour autant, ces ajustements ne dissipent pas les inquiétudes. En intégrant Audi à la F1, Volkswagen espère capitaliser sur l’image de la compétition pour promouvoir ses véhicules électriques et accroître sa présence internationale. Mais si la crise persiste, des doutes sur l’engagement à long terme pourraient se faire entendre, rappelant les cas de retraits passés d’autres constructeurs en difficulté.
Si l’objectif d’Audi reste de lancer une équipe compétitive pour 2026, un tel projet dépendra des résultats financiers de Volkswagen dans les années à venir. Les incertitudes économiques actuelles laissent planer un risque non négligeable. Audi affirme que son programme n’est « pas en danger » malgré les turbulences internes, mais l’entrée en F1 exige une stabilité financière à long terme.
Ainsi, la crise chez Volkswagen pourrait jouer un rôle clé dans l’avenir d’Audi en F1, soulevant une question centrale : jusqu’à quel point le constructeur sera-t-il prêt à investir dans ce projet si les incertitudes économiques continuent de s’aggraver ? L’implication du Qatar pourrait bien être la solution pour maintenir le cap, tout en limitant l’exposition financière directe d’Audi.