Influence discrète ou pur talent ? L’arrivée de Gabriel Bortoleto chez Audi suscite des questions sur le rôle de son mentor, Fernando Alonso.
Depuis plusieurs mois, la présence de Gabriel Bortoleto dans les discussions de Sauber pour un poste de pilote s’est renforcée, en parallèle avec l’avancée du partenariat entre l’écurie suisse et le géant allemand Audi. Alors que Sauber évaluait ses options pour 2025, entre la prolongation de Valtteri Bottas et l’éventuelle arrivée de Mick Schumacher, le nom de Gabriel Bortoleto a commencé à se faire entendre. Alonso, qui connaît bien les rouages de la F1, n’a pas manqué de glisser un mot en faveur de son protégé, louant son « talent pur » et la nécessité de lui offrir un environnement stable pour s’épanouir.
Pour Mattia Binotto, directeur de l’écurie Sauber et futur visage d’Audi F1, Alonso n’a pas exercé de pression. Bien qu’ils se soient croisés dans le paddock, les échanges entre les deux hommes sont restés succincts. « Fernando est un excellent connaisseur de la F1, mais il n’a jamais tenté de me convaincre avec des arguments, » confie Binotto. « Ce qui m’a convaincu, c’est Gabriel lui-même, pas Fernando. Nous avons échangé, mais très peu. »
Cette précision est intéressante, car elle met en lumière une nouvelle approche d’Alonso, qui, plutôt que de s’imposer, laisse son protégé briller par ses propres qualités. Il n’en reste pas moins que l’appui d’un double champion du monde a sans doute pesé indirectement. Alonso, tout en évitant d’intervenir directement, a su transmettre l’importance de laisser Bortoleto se développer à son rythme, conscient des pressions spécifiques auxquelles les pilotes brésiliens font face, héritiers d’une histoire marquée par les figures emblématiques comme Ayrton Senna.
Pour Bortoleto, l’appui de Fernando Alonso ne se limite pas aux conseils techniques ou aux relations dans le paddock ; il s’agit avant tout d’un guide dans son parcours vers la F1. « Nous plaisantons souvent là-dessus, » confie Bortoleto, selon PlanetF1. « J’ai commencé à courir alors qu’il était déjà en F1, et maintenant nous allons partager la grille. » Cette dynamique mentor-élève a contribué à l’ascension de Bortoleto, qui, à 20 ans, incarne la nouvelle génération promue par Alonso.
Fondée il y a trois ans, l’agence A14 Management de Fernando Alonso accompagne quelques jeunes pilotes prometteurs, dont Bortoleto est le premier à atteindre la F1. Alonso, qui décrit cette structure comme un incubateur des valeurs essentielles à la réussite, s’assure que ses protégés développent non seulement leurs compétences en piste, mais aussi leur caractère. Une philosophie qui semble résonner chez Bortoleto, lequel affiche déjà un calme et une maturité remarquables pour un jeune pilote à l’aube d’une carrière en F1.
Si Alonso a gardé ses distances vis-à-vis de la décision finale, son intérêt pour le projet Audi-Sauber reste perceptible. En rejoignant l’équipe en pleine transition vers Audi, Bortoleto sera au cœur d’une transformation historique, où l’ambition allemande de se faire une place en F1 sera particulièrement visible. Sauber, qui souhaite s’établir comme une équipe de premier plan en profitant des ressources d’Audi, considère cette arrivée comme une préparation à un avenir prometteur, où Bortoleto pourrait jouer un rôle majeur.
Pour l’écurie, l’objectif est de tirer le meilleur de cette transition en 2025, afin de préparer les premières saisons sous les couleurs d’Audi. Dans ce contexte, la présence d’un jeune talent tel que Bortoleto pourrait s’avérer précieuse, Sauber ayant tout intérêt à poser des bases solides pour son équipe de demain.
Alonso a insisté sur l’importance du « bon timing » pour l’arrivée de Bortoleto dans l’élite, conscient des pressions qui peuvent briser un talent trop rapidement exposé. Mais avec son calme et son approche progressive, Bortoleto semble prêt pour relever ce défi. En tant que pilote brésilien, il porte également en lui les espoirs d’un pays qui attend avec impatience un successeur digne de ses héros passés.