Jeune, prometteur, et déjà convoité : Antonelli séduit Domenicali, qui imagine un avenir en rouge pour l’Italien. Mais Mercedes veille.

Il est encore jeune, encore perfectible, mais il suscite déjà les plus grands espoirs. À seulement 18 ans, Andrea Kimi Antonelli incarne peut-être le futur de la Formule 1 italienne — et pourquoi pas, celui de la Scuderia Ferrari. La question d’un transfert à Maranello, un jour, ne relève plus seulement du rêve national. Elle fait son chemin dans les paddocks, jusqu’aux bureaux de la FOM.
Invité sur les ondes de Radio Rai Gr Parlamento, Stefano Domenicali, ancien patron de la Scuderia et désormais PDG de la F1, a évoqué sans détour cette hypothèse : « Un pilote italien dans une voiture italienne, ce serait vraiment magnifique. Mais je ne pense pas que Toto Wolff soit d’accord pour le moment », a-t-il confié dans l’émission La Politica nel Pallone. Une phrase à double fond, qui traduit à la fois le réalisme des rapports de force et une envie personnelle qu’on devine sincère.
Le remplaçant de Lewis Hamilton chez Mercedes, Antonelli a été propulsé dans le grand bain avec toutes les attentes que cela implique. Et pour l’heure, le rookie ne déçoit pas. Sa capacité à encaisser la pression, à apprendre vite et à performer d’entrée de jeu impressionne jusque dans les plus hautes sphères du sport. « C’est un garçon extraordinaire », ajoute Domenicali. « Le voir arriver au paddock avec sa famille, sa petite sœur main dans la main, donne une image romantique de la F1. Mais une fois la visière baissée, il est redoutable. »
Pas question cependant de le comparer trop vite à de grands noms : « Il faut lui laisser le temps de grandir. Mais une chose est sûre : il deviendra un protagoniste de notre monde. »
Chez Ferrari, on connaît bien Domenicali. Il a dirigé la Scuderia entre 2008 et 2014, avec à la clé un titre manqué de peu en 2010 et 2012. Son regard sur la situation actuelle est empreint d’une certaine bienveillance. « Je vois une équipe très proche des meilleurs. Mon seul conseil à Frédéric Vasseur, c’est de continuer à travailler sans se laisser écraser par la pression. Je suis convaincu qu’on les verra gagner dès cette année. » Quant à l’arrivée de Lewis Hamilton à Maranello, Domenicali y voit une « formidable aventure sportive » qui demandera du temps, mais pourrait bien porter ses fruits.
Dans ce contexte, penser à Antonelli comme futur pilier de l’équipe rouge n’a rien d’extravagant. Si Mercedes l’a aujourd’hui sous contrat, Ferrari pourrait, à moyen terme, chercher à le rapatrier. Parce qu’il est talentueux, mais aussi parce qu’il est italien — et que cela, à Maranello, continue de compter.
Le poids de l’Italie dans le calendrier
En toile de fond, une autre question se pose : celle de la place de l’Italie en Formule 1. Deux Grands Prix sur le sol italien — Imola et Monza — c’est un luxe que la discipline pourrait bientôt ne plus se permettre. Si Monza est assuré de rester au calendrier jusqu’en 2031, Imola voit son contrat s’achever cette année. « Il sera de plus en plus difficile de maintenir deux courses dans le même pays », reconnaît Domenicali. « En tant que PDG, je dois composer avec une pression internationale très forte, venant de pays émergents prêts à accueillir la F1. »
Mais l’homme n’oublie pas les efforts du circuit d’Imola pendant la crise sanitaire : « Ils ont répondu présent quand on avait besoin de nouvelles solutions. »
En définitive, Antonelli chez Ferrari, ce n’est pas encore à l’ordre du jour. Mais c’est peut-être écrit quelque part. Trop jeune pour être jugé, mais déjà assez talentueux pour être convoité, le Bolognais a le profil idéal pour incarner la relève d’un pays qui attend toujours son nouveau héros. Et même si Toto Wolff ne le lâchera pas facilement, les liens du sang et de l’âme qui relient Ferrari à l’Italie pourraient, à terme, faire pencher la balance.
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— Mercedes-AMG PETRONAS F1 Team (@MercedesAMGF1) April 13, 2025