La FIA publie ses grilles de sanctions et standards de conduite : dépassements, fautes, pénalités… tout est désormais accessible au public.

Ce n’est pas tous les jours que la FIA ouvre ses dossiers internes et nous n’allons pas nous en plaindre. Deux documents jusqu’ici réservés aux initiés – les Driving Standards Guidelines et le Penalty Points Overview – ont été mise en ligne, dans ce que la Fédération présente comme une « initiative pour plus de transparence ».
Cette démarche a un double objectif : d’une part, calmer les critiques de plus en plus vives sur le manque de cohérence des décisions des commissaires. D’autre part, aider les fans, les médias et même les pilotes à mieux comprendre la logique appliquée.
Ce que disent vraiment les documents
1. Qui a le droit à l’intérieur ?
Le document sur les standards de pilotage entre dans le vif du sujet. On y apprend par exemple que lorsqu’un pilote attaque à l’intérieur, il doit avoir “une partie significative” de sa monoplace alignée avec celle de l’autre avant le point de corde pour que le dépassement soit considéré comme légitime. Dans le cas contraire, il est responsable en cas de contact.
2. Les cas spécifiques de virages à gauche ou à droite
Les directives détaillent également la gestion des virages asymétriques, les chicanes ou encore les situations où les deux pilotes sortent des limites de piste. Ce niveau de détail vise à standardiser les décisions, mais aussi à éviter les “penalties surprises” qui irritent fans et pilotes.
3. L’évolution des sanctions
L’autre document publié liste précisément les peines attribuables pour chaque type d’infraction : 5 secondes, 10 secondes, drive through, pénalité de grille ou retrait de points de super licence. On y apprend notamment que :
- Le non-respect des drapeaux bleus coûte désormais systématiquement 1 point de pénalité.
- Un contact évitable lors d’un départ est presque toujours sanctionné par 2 points + 10 secondes.
- Les infractions aux règles du pit lane (vitesse, positionnement) font l’objet de sanctions plus lourdes qu’auparavant.
📌 Ces barèmes sont indicatifs : les commissaires gardent une marge d’appréciation selon les circonstances exactes, comme rappelé à plusieurs reprises dans le document.
La pression autour des décisions des commissaires n’a cessé de monter lors des dernières saisons. L’accrochage entre Verstappen et Norris fin 2024, ou certaines décisions jugées incohérentes lors des Grands Prix du Canada et d’Espagne, ont cristallisé les critiques. C’est dans ce contexte que Mohammed Ben Sulayem, président de la FIA, a voulu « sortir de l’opacité ».
« Les commissaires font un travail complexe, souvent mal compris, et parfois injustement critiqué. Il était temps de montrer au public les outils qu’ils utilisent pour prendre leurs décisions », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Un accueil tiède chez les pilotes
Malgré cette initiative, le scepticisme reste présent dans le paddock. Interrogé en marge du Grand Prix d’Autriche, Lewis Hamilton a avoué qu’il ne consultait pas vraiment ces lignes directrices : « Je roule à l’instinct. Chaque manœuvre est différente. Je comprends qu’il faille poser des limites, mais je ne me réfère pas à ça quand je suis en piste. »
Même son de cloche chez Pierre Gasly : « On sait où est la limite quand on se bat en piste. Ces guidelines ne changent pas grand-chose pour moi. Ce qui pose question, c’est la cohérence des pénalités. »
Pour Oscar Piastri, leader du championnat, le document a au moins le mérite d’exister : « Il faut juste éviter de le prendre comme un texte sacré. Chaque situation reste unique. »
George Russell, président de la GPDA (l’association des pilotes), va plus loin : selon lui, le vrai progrès serait de professionnaliser totalement les commissaires. « On change d’équipe de course en course, avec des sensibilités différentes. Il faudrait un panel fixe, payé, avec une vraie cohérence. Là, on s’appuie trop sur des bénévoles, aussi expérimentés soient-ils. »
Même constat pour Esteban Ocon, récemment impliqué dans une situation confuse lors de la sortie des stands à Montréal : « Le nombre de micro-règles rend certaines situations incompréhensibles sur le moment. »
Quant à Alex Albon, il juge que la logique actuelle « encourage presque le contact » dans certaines manœuvres de défense.
Une transparence utile, mais pas suffisante
La publication de ces documents est une avancée : pour la première fois, le public peut réellement comprendre les principes appliqués par les commissaires. Mais comme l’a résumé George Russell, « ce ne sont que des outils, pas une solution miracle ».