Pression médiatique, impatience, résultats décevants : Ferrari s’apprête-t-elle à faire sauter le seul homme capable de bâtir sur le long terme ?

Annoncé comme l’homme de la reconstruction, Frédéric Vasseur voit déjà son avenir à Maranello remis en question par une presse italienne qui semble avoir perdu patience. Les résultats ne suivent pas et la Scuderia est prise au piège entre la nécessité d’un projet à long terme et une exigence de résultats immédiats. Le siège du Français est-il vraiment sur un siège éjectable ?
Il faut dire que le bilan de Ferrari à ce stade de la saison a de quoi agacer les tifosi. Dix courses, zéro victoire, trois maigres podiums et un déficit de près de 200 points sur McLaren. L’arrivée de Lewis Hamilton en 2025 devait s’inscrire dans une dynamique positive, capitalisant sur une SF-25 prometteuse. La réalité est un cauchemar : la monoplace est capricieuse, instable et difficile à équilibrer, et le septuple champion du monde vit la pire entame de saison de sa carrière.
Forcément, les regards convergent vers Frédéric Vasseur, l’architecte de ce projet nommé en décembre 2022. Selon les informations du Corriere della Sera, le nom d’Antonello Coletta circule avec insistance comme candidat au poste du Français. C’est le patron de la division Endurance de Ferrari et son palmarès est impressionnant notamment aux 24 Heures du Mans.
PlanetF1 a révélé que Christian Horner a été approché par la Scuderia, mais cela s’est soldé par un refus du Britannique, loyal à l’empire Red Bull. Cet échec place Coletta en favori naturel dans un contexte où Maranello évite d’essuyer un second refus public.
Piqué au vif à Montréal, Vasseur a laissé transparaître une colère froide face aux questions de la presse. Qualifiant les rumeurs d’« irrespectueuses » et de tactiques de déstabilisation, il a décoché une flèche acérée : « C’est peut-être leur seule manière d’exister ».
Mais peut-on vraiment blâmer les journalistes de faire leur travail ? À Maranello, l’histoire pèse de tout son poids. Ferrari est une machine à broyer les hommes ; en 40 ans, le nombre de directeurs d’équipe est longue comme un bras. Le soutien, pour l’instant sans faille, de ses pilotes est une chose. La patience de l’état-major en est une autre, bien plus volatile.
La comparaison, souvent brandie, avec l’ère Jean Todt atteint vite ses limites. Quand Michael Schumacher débarquait en 1996, il amenait avec lui ses fidèles lieutenants Ross Brawn et Rory Byrne. Hamilton, lui, est arrivé seul. Le discours de Vasseur, pourtant, s’inscrit dans cette même veine : il prêche pour un processus, une vision à long terme, une stabilité indispensable pour bâtir une dynastie.
C’est là que le bât blesse. Ce discours de bâtisseur se heurte de plein fouet à l’ADN de Ferrari : une impatience chronique, une culture de la réaction épidermique où la pression populaire et médiatique a souvent le dernier mot. Or, à l’aube de la révolution réglementaire de 2026, toute décision hâtive pourrait s’avérer catastrophique. Sacrifier Vasseur maintenant, sans solution évidente et éprouvée pour la F1, reviendrait à saboter l’un des rares projets construits sur la durée depuis bien longtemps. Antonello Coletta a beau être brillant, il n’a jamais mis les pieds en Formule 1.