La candidature de Carlos Sainz Sr. inquiète manifestement Mohamed Ben Sulayem, qui prépare le terrain pour l’éliminer avant l’échéance

À sept mois de la prochaine élection présidentielle de la FIA, Mohammed Ben Sulayem semble prêt à tout pour conserver les rênes de l’organisation. Selon des révélations de la BBC, le président en exercice aurait l’intention de modifier en profondeur les statuts de l’institution, dans le but de renforcer son contrôle… et d’écarter tout candidat sérieux.
Un document confidentiel, obtenu par la chaîne britannique, détaille une série de propositions que Ben Sulayem soumettra dès le mois prochain à l’Assemblée Générale de la FIA. Parmi elles : des critères d’éligibilité plus flous, un contrôle accru sur les organes de gouvernance, et surtout, un pouvoir de validation discrétionnaire sur les candidatures. Une stratégie qui pourrait lui permettre, sans le dire ouvertement, de bloquer l’entrée en lice de ses concurrents.
L’élément central de la réforme serait l’introduction d’un critère d’intégrité professionnelle, que chaque candidat devra satisfaire. En apparence légitime, cette condition soulève de nombreuses questions, car elle serait désormais évaluée non plus par un comité d’éthique indépendant, mais par le comité de nomination… lui-même étroitement lié au président sortant. Une manière déguisée de se doter d’un droit de veto.
Ce changement intervient alors que la rumeur d’une candidature de Carlos Sainz Sr. prend de l’ampleur. L’ancien double champion du monde des rallyes, respecté dans les paddocks, suscite déjà un soutien notable. Sa popularité, combinée à sa stature internationale, pourrait représenter une menace réelle pour Ben Sulayem, dont le mandat a été marqué par plusieurs polémiques.
Une manœuvre qui rappelle des précédents troublants
Ce n’est pas la première fois que le président de la FIA adapte les règles à sa convenance. En 2024, il avait déjà modifié l’âge limite pour se présenter à la présidence, la faisant passer de 75 à 70 ans. Une modification qui avait automatiquement écarté David Richards, président de Motorsport UK et possible rival, âgé de 72 ans.
La réforme actuelle suit la même logique. Outre les critères d’intégrité, Ben Sulayem souhaite imposer la publication des équipes candidates 49 jours avant le vote (contre 21 auparavant) et accroître son influence sur le Sénat de la FIA, en nommant directement quatre membres — sans que les autres puissent s’y opposer.
Ces ajustements révèlent une volonté claire de centraliser le pouvoir entre les mains du président, au détriment des organes de contrôle internes. D’après plusieurs sources citées par la BBC, cette réforme vise à « affaiblir volontairement les mécanismes de supervision indépendants » au sein de la fédération.
Le comité d’éthique n’est pas épargné non plus. Ben Sulayem souhaiterait aligner la durée des mandats de ses membres sur la sienne, ce qui reviendrait à placer cet organe sous influence directe. Ce même comité avait déjà été affaibli en 2024, lorsque plusieurs de ses responsables, alors engagés dans des enquêtes le visant, avaient été écartés sans explication.
Ces manœuvres suscitent des inquiétudes jusque dans le paddock, où les relations entre la F1 et la FIA sont déjà tendues, notamment sur les sujets de gouvernance. Si ces changements sont adoptés en juin, Ben Sulayem pourrait verrouiller l’élection à venir et écarter discrètement les profils jugés trop menaçants.