Verstappen va payer cher son refus d’obéir aux consignes

Le double champion du monde ne regarde pas la situation dans son ensemble en ne rendant pas la pareille à son coéquipier de Red Bull.

Avoir l’air rancunier est loin d’être une bonne chose et pour un double champion du monde de Formule 1, cela ne peut que diminuer l’éclat du succès. Max Verstappen a peut-être eu le sentiment d’avoir marqué un point en refusant de céder sa place à son coéquipier Sergio Pérez au Grand Prix de São Paulo, mais ses actions ont ressemblé à celles d’un enfant irascible, obsédé par lui-même au point d’être incapable de comprendre l’inutilité de ses actions et le mal qu’il pourrait se faire à l’avenir.

À Interlagos, George Russell a remporté sa première victoire en F1 et la seule victoire de Mercedes depuis le début de la saison, dans une atmosphère de fête. Dans son sillage, les pilotes Red Bull Verstappen et Pérez ont vécu un dimanche après-midi beaucoup plus houleux. Après l’accrochage de Verstappen avec Lewis Hamilton, ses chances de victoire se sont envolées, mais après être revenu dans le peloton, il s’est retrouvé en sixième position devant Pérez.

Verstappen et Red Bull ont depuis longtemps déjà scellé les titres des pilotes et des constructeurs, mais le Mexicain est dans une lutte serrée avec Charles Leclerc de Ferrari pour la deuxième place du championnat. Red Bull, malgré tous ses succès, n’a jamais assuré un doublé chez les pilotes et souhaite vraiment le faire cette année, avec une voiture qui a dominé à la fois Ferrari et Mercedes.

On a donc demandé au champion du monde de céder sa place à Pérez afin qu’il puisse prendre les deux points supplémentaires et passer devant Leclerc avant la dernière manche, la semaine prochaine à Abu Dhabi.

À la consternation de son équipe, le Néerlandais a refusé catégoriquement et Pérez, qui a ensuite terminé septième, est maintenant à égalité de points avec Leclerc. Lorsqu’on lui a demandé pourquoi, Verstappen a répondu : « Je vous l’ai déjà dit la dernière fois, les gars, ne me demandez pas ça à nouveau, OK ? Est-ce que c’est clair ? J’ai donné mes raisons et je m’y tiens ». Les commentaires ont semblé suggérer qu’il s’agissait d’une forme de vengeance.

Verstappen a déjà le titre, il n’aurait pas renoncé à une place pour céder une victoire mais pour un sixième sans importance qui n’a de pertinence que pour Pérez et Red Bull. Il a l’équipe construite autour de lui, la voiture développée pour convenir à son style de conduite (l’inverse de ce que Pérez préférerait) et pourtant, le pilote qui a été loué pour sa maturité ces dernières années n’a rien voulu savoir.

Le directeur de l’équipe Red Bull, Christian Horner, s’est empressé de présenter ses excuses à Pérez par la radio de l’équipe et la réponse du Mexicain a été acide. « Cela montre qui il est vraiment », a-t-il dit.

? "Max a montré qui il était vraiment"

Perez pas très content que Verstappen le prive de précieux points au championnat… ?#BrazilGP?? pic.twitter.com/wcJzWnjW0U

— CANAL+ F1® (@CanalplusF1) November 13, 2022

On pense que le problème vient du GP de Monaco de cette année, où Pérez s’est crashé lors des qualifications, empêchant Verstappen d’avoir une chance de décrocher la pole. Pérez a ensuite gagné et des rumeurs indiquent qu’il a depuis admis qu’il s’était écrasé délibérément et que cela est resté tellement en travers de la gorge de Verstappen qu’il n’a pas oublié depuis.

Il a refusé de s’expliquer sur les raisons de ses actions après la course au Brésil et Red Bull, qui a réuni ses pilotes dans son camping-car immédiatement après pour clarifier la situation, n’a pas voulu révéler d’autres détails que le fait que les pilotes se sont parlés et que l’affaire a été réglée.

Verstappen a souri quand on lui a demandé si c’était Monaco qui avait influencé sa décision et a répondu : « Je vais vous laisser juger vous-même ». Donc si c’était Monaco, c’était il y a 15 courses. Verstappen a depuis remporté 10 courses et décroché le titre. Lors de la rencontre avant Monaco, en Espagne, Pérez s’était consciencieusement effacé pour laisser Verstappen passer non pas une mais deux fois, à son propre désavantage. Pourtant, il semble que Verstappen n’en ait pas tenu compte.

Son nom a fait l’objet d’une tendance sur Twitter lundi et, pour une fois, la combative sphère de la F1 semble s’être unie pour exprimer son dégoût et son mécontentement face à ses actions. Personne, semble-t-il, n’aime les mauvais gagnants.

D’autres pilotes avec des caractéristiques similaires ont fait preuve d’un comportement plus gracieux en cédant à leurs coéquipiers lorsque cela était nécessaire. En effet, ces dernières années, Hamilton a rendu une place à Valtteri Bottas en Hongrie en 2017 et en 2016, Nico Rosberg, dans une féroce bagarre terrible avec Hamilton, a laissé passer le pilote britannique à Monaco, car c’était dans l’intérêt de l’équipe.

La décision de Verstappen a miné son coéquipier et elle pourrait encore lui revenir en pleine figure. Le Néerlandais a précédemment reconnu à quel point Pérez avait été crucial pour retenir Hamilton lors du GP crucial d’Abu Dhabi l’année dernière. La réponse de Pérez au Brésil au comportement de Verstappen a été brutale.

« Je suis très surpris, je ne sais pas ce qui s’est passé, surtout avec tout ce que j’ai fait pour lui », a-t-il déclaré. « Je ne comprends pas ses raisons, s’il a deux championnats, c’est grâce à moi ».

Verstappen aurait peut-être mieux fait de voir la situation dans son ensemble plutôt que de risquer de se mettre Pérez à dos alors que son rôle d’ailier pourrait être vital la saison prochaine.