Singapour pourrait être l’occasion pour Ferrari de briller après une saison difficile, si l’équipe concrétise son potentiel en course

Après le fiasco du Grand Prix d’Azerbaïdjan, qui a vu ses pilotes terminer à de décevantes 8e et 9e places, la saison 2025 de la Scuderia Ferrari ressemble de plus en plus à un long chemin de croix. Sans la moindre victoire et désormais distancée par Mercedes au championnat constructeurs, l’équipe de Maranello aborde la tournée asiatique avec un moral en berne.
Pourtant, dans ce tableau très sombre, le Grand Prix de Singapour qui se profile ce week-end représente une véritable opportunité. Les caractéristiques du circuit urbain de Marina Bay, combinées à l’historique des pilotes, offrent à l’écurie italienne l’une de ses meilleures, et peut-être dernières, chances de sauver l’honneur avec un bon résultat.
Sur le papier, tous les indicateurs sont au vert. Le tracé sinueux et à faible vitesse de Singapour devrait convenir aux qualités de la SF-25, qui a déjà montré des signes de compétitivité sur des circuits similaires comme Monaco. Les récentes évolutions apportées à la monoplace (suspensions, plancher) pourraient également trouver ici un terrain d’expression idéal.
L’historique des pilotes sur ce circuit renforce cet optimisme, en particulier pour Charles Leclerc. Le Monégasque a une affinité particulière avec Marina Bay. « C’est un circuit que j’adore, l’un de mes préférés de la saison », a-t-il récemment confié. Ses statistiques le prouvent : en quatre participations avec Ferrari, il a signé deux pole positions (2019, 2022) et deux deuxièmes places. La vitesse pure est là. Lewis Hamilton, de son côté, compte quatre victoires sur ce tracé, une expérience qui reste un atout majeur.
Cette opportunité théorique est cependant lourdement contrebalancée par la faiblesse chronique de Ferrari cette saison : l’exécution. C’est le point soulevé par l’ancien pilote Jolyon Palmer, pour qui le problème de la Scuderia n’est pas tant la performance intrinsèque de la voiture que son incapacité à la concrétiser.
Le week-end de Bakou en est l’exemple parfait : après un doublé en essais libres le vendredi, le week-end a “spectaculairement déraillé” avec l’élimination de Hamilton en Q2 et l’accident de Leclerc en Q3. Palmer rappelle également, avec une pointe d’ironie, la séance de qualifications de Singapour 2024, où un crash de Sainz et un tour annulé pour Leclerc avaient relégué les deux Ferrari en fond de top 10. « Ça ressemble tellement à du Ferrari sur un circuit où ils devraient être rapides », a-t-il déclaré au podcast F1 Nation. Cette fébrilité opérationnelle pousse de nombreux observateurs à la prudence, malgré le potentiel évident.
Le contraste entre les deux pilotes de la Scuderia à l’approche de l’événement est également frappant et révélateur de la saison de l’équipe.
D’un côté, Charles Leclerc se montre combatif. Tout en reconnaissant une “saison difficile”, il se dit “très heureux de ses performances personnelles” et affiche son ambition de ramener Ferrari au sommet, en espérant que cela commence dès ce week-end.
De l’autre, Lewis Hamilton semble bien plus résigné. Interrogé sur ses attentes, sa réponse fut laconique : « Pas grand-chose ». Il estime que la qualification sera “tout” et va jusqu’à espérer de la pluie pour “rendre les choses un peu intéressantes”, un aveu à peine voilé du manque de confiance dans le potentiel de sa voiture à la régulière. Cette attitude lui a d’ailleurs attiré les foudres de l’ancien pilote Marc Surer, qui l’a qualifié d’“enfant gâté”, accentuant le malaise autour de sa première année en rouge.
En définitive, le Grand Prix de Singapour se présente comme un véritable test de caractère pour Ferrari. L’équipe a, sur le papier, une chance réelle de briller. Mais pour transformer ce potentiel en un résultat concret, il lui faudra réaliser le week-end parfait qu’elle n’a pas su produire de toute la saison.