Mercedes innove à Bakou avec une fibre de carbone “bio” intégrée aux freins de la W16, alliant performance et réduction de l’empreinte carbone.

En Formule 1, les innovations les plus importantes ne sont pas toujours les plus visibles. Derrière le podium de George Russell au Grand Prix d’Azerbaïdjan se cachait une avancée technologique discrète mais significative : Mercedes a testé et validé en conditions de course une nouvelle génération de fibre de carbone, intégrant pour la première fois des matériaux d’origine biologique.
Cette première, réalisée en partenariat avec l’entreprise de matériaux Syensqo, est une étape concrète dans la quête de la discipline pour allier performance extrême et développement durable.
Qu’est-ce que la Fibre de Carbone “Bio” ?
Pour bien comprendre cette innovation, il faut d’abord expliquer ce qu’est un matériau composite en fibre de carbone. On peut le comparer à une recette avec deux ingrédients principaux :
- Les fibres de carbone : Des filaments extrêmement fins et résistants qui forment le “tissu” structurel de la pièce.
- La résine : Une sorte de “colle” polymère qui imprègne les fibres et durcit pour donner au composite sa rigidité et sa forme finale.
Traditionnellement, cette résine est d’origine pétrochimique, c’est-à-dire dérivée du pétrole. C’est sur ce point que réside l’avancée de Mercedes et Syensqo. La nouvelle résine utilisée à Bakou intègre 30 % de matériaux d’origine biologique.
Plus précisément, ces composants biosourcés sont issus de sous-produits de la fabrication de biodiesel. Cet aspect est crucial : il ne s’agit pas de cultiver des plantes spécifiquement pour créer la résine, mais de valoriser des déchets issus d’une autre industrie. C’est un pas vers une économie plus circulaire, où l’on réduit la dépendance aux ressources fossiles.
Le Test Grandeur Nature : Les Écopes de Frein Arrière
Pour valider cette nouvelle technologie, Mercedes a choisi une pièce particulièrement exigeante : les boucliers des écopes de frein arrière de la W16 de George Russell. Loin d’être une simple pièce de carrosserie, cet élément possède des surfaces aérodynamiques complexes et est soumis à des contraintes extrêmes durant un Grand Prix : vibrations intenses, forces aérodynamiques importantes et températures élevées dues à la proximité des freins.
Le test s’est avéré être un succès total. La pièce a tenu sans le moindre problème tout au long du week-end, participant à la performance qui a mené Russell à la deuxième place. Cette validation en conditions réelles, sur ce que Toto Wolff appelle « le laboratoire d’essais le plus rapide du monde », prouve que ce nouveau matériau peut supporter les contraintes les plus sévères sans compromettre la performance.
Cette innovation s’inscrit dans la stratégie à long terme de l’écurie, qui vise à atteindre la neutralité carbone (Net Zero) sur l’ensemble de ses activités d’ici 2040. Pour Alice Ashpitel, responsable du développement durable chez Mercedes, ce projet est une fierté : « Nous introduisons des composites en fibre de carbone durables sur un composant techniquement performant. Cela démontre notre engagement à réduire notre impact environnemental tout en maintenant les plus hauts standards de performance. »
L’ambition de Mercedes, partagée par la F1 dans son ensemble, est de servir de banc d’essai pour des technologies pionnières qui pourront ensuite être appliquées à plus grande échelle dans d’autres industries, comme l’automobile de série ou l’aéronautique.
Breaking new ground in Baku ✅
— Mercedes-AMG PETRONAS F1 Team (@MercedesAMGF1) September 22, 2025
The Azerbaijan Grand Prix saw the team debut the use of pioneering bio-based carbon fibre composite material on the rear wheel shields of George's W16, which crossed the line in P2 💪
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