Malgré un respect apparent, le combat Piastri-Norris s’intensifie, rappelant les tensions entre Hamilton et Alonso, qui avaient coûté un titre à McLaren en 2007.

McLaren est en train de revivre un scénario qui rappelle furieusement 2007. Cette année-là, Lewis Hamilton et Fernando Alonso s’étaient livré une guerre interne si intense qu’elle avait fini par fracturer l’écurie. Dix-huit ans plus tard, Lando Norris et Oscar Piastri se battent eux aussi pour le titre mondial – et l’ombre de cette saison explosive plane à nouveau sur Woking.
En 2007, McLaren possédait la monoplace la plus performante de la grille, et ses deux pilotes, séparés par de minuscules écarts en piste, avaient refusé de céder. Résultat : une série de tensions, d’incidents et de frustrations qui avaient coûté à l’équipe le championnat pilotes au profit de Kimi Räikkönen… pour un seul point. Fernando Alonso avait plié bagage dans la foulée.
Aujourd’hui, l’histoire semble vouloir se répéter. McLaren domine outrageusement le championnat constructeurs, mais ses deux pilotes sont engagés dans un duel acharné. Piastri mène de neuf points, Norris le talonne, et les victoires s’échangent au gré des circuits. À première vue, tout va bien : pas de numéro 1 officiel, pas de clauses de priorité. Zak Brown, le patron, le confirme : “Nous sommes et resterons une équipe à deux voitures. Nos pilotes sont traités de manière parfaitement égale. C’est notre philosophie, et nous connaissons les risques que cela implique.”
Ces risques, Brown les a vécus par le passé. Favoriser un pilote, c’est risquer de voir l’autre quitter le navire. Mais laisser le duel se dérouler sans intervention, c’est aussi exposer l’équipe à des frictions internes et à des points perdus en route.
Jusqu’ici, Norris et Piastri affichent un respect mutuel exemplaire. Leur seule collision de la saison, au Grand Prix du Canada, relevait plus d’une erreur d’appréciation que d’un geste d’humeur. Norris avait rapidement présenté ses excuses, acceptées par l’Australien et par l’équipe. Mais dans la lutte pour un titre mondial, la mémoire des pilotes est sélective : les incidents mineurs d’hier peuvent devenir des arguments de poids demain.
Ce qui rend leur duel si captivant, c’est la différence de leur approche en piste. Norris est offensif, parfois imprévisible, capable de coups d’éclat spectaculaires. Piastri, lui, est méthodique, patient, souvent plus régulier sur la durée d’un week-end. Cette opposition de styles crée un effet miroir : quand l’un brille par l’attaque, l’autre s’impose par la constance. Sur certaines courses, l’avantage change de camp d’un tour à l’autre.
Une gestion délicate à venir
McLaren sait que les dix courses restantes seront une épreuve de gestion autant que de performance. Intervenir, c’est trahir le principe d’égalité. Ne rien faire, c’est courir le risque de voir la situation s’envenimer et la moindre consigne d’équipe pourrait être interprétée comme un favoritisme déguisé. “Je ne pense pas qu’ils se brouilleront vraiment, grâce à la communication et au respect mutuel”, veut croire Zak Brown.
Pour les plus anciens, le parallèle avec 2007 est un rappel de ce qu’un duel interne peut coûter. À l’époque, McLaren avait non seulement perdu un titre promis, mais aussi terni son image auprès des sponsors et du public.
Aujourd’hui, la donne est différente : la domination technique est plus nette, et l’écart avec la concurrence plus grand. Mais face à un Max Verstappen toujours opportuniste ou à des Ferrari touchées touchées dans leurs égos, offrir des points sur un plateau pourrait ouvrir l’appétit des uns et des autres.