Faut-il à présent désigner un pilote N°1 chez McLaren ?

McLaren est sous pression après le GP d’Azerbaïdjan : Norris et Piastri peuvent-ils encore se battre librement ou faut-il imposer une hiérarchie ?

Le Grand Prix d’Azerbaïdjan a agi comme un électrochoc. La défaillance collective de McLaren, couplée au retour en force de Max Verstappen, a subitement transformé une promenade de santé vers le titre en une course poursuite sous haute tension. Cette nouvelle donne a fait émerger une question qui était jusqu’alors taboue à Woking, mais que des voix comme celle de Guenther Steiner posent désormais ouvertement : faut-il sacrifier les ambitions de Lando Norris pour sécuriser la couronne d’Oscar Piastri ?

Pour l’ancien directeur de Haas, la réponse est un oui franc et massif. Avec son style direct et pragmatique, Steiner estime que l’heure de la diplomatie est terminée. Face à la menace Verstappen, il n’y a plus de place pour les états d’âme. « Je le ferais maintenant », a-t-il affirmé sans hésiter sur le podcast Red Flag, préconisant de “couper court” aux espoirs de titre de Norris pour mettre toutes les forces de l’équipe derrière Piastri, qui conserve 25 points d’avance.

Sa logique est celle d’un dirigeant : « L’équipe est plus importante que le pilote. Les deux ne peuvent pas gagner, alors plutôt que de les laisser se battre et tout perdre, il faut en choisir un pour gagner. » Selon lui, si McLaren perd le championnat à cause de son inaction, « de quoi auront-ils l’air ? Stupides. » Imposer une hiérarchie serait aussi, d’après Steiner, une manière d’« envoyer un message » à Verstappen, lui signifiant que l’équipe est prête à tout pour lui arracher le titre.

L’approche radicale de Steiner se heurte cependant à la culture même de McLaren. L’écurie, dirigée par Andrea Stella, a fait de l’équité entre ses pilotes un principe bien ancré. Cette philosophie n’est pas un simple outil de communication, elle est inscrite dans l’histoire de l’équipe, marquée au fer rouge par la guerre fratricide entre Ayrton Senna et Alain Prost à la fin des années 80, une rivalité qui a failli détruire l’équipe de l’intérieur. Dans l’histoire plus récente, le combat entre Lewis Hamilton et Fernando Alonso avait coûté le titre pilote à McLaren au profit de Kimi Raikkonen lors de la dernière course de la saison 2007.

De plus, les dernières décision en date contredisent l’idée d’un soutien aveugle au leader du championnat. À Monza, quelques semaines plus tôt, ce sont des consignes en faveur de Lando Norris qui avaient été passées, demandant à Oscar Piastri de s’écarter. Cela prouve que la stratégie de McLaren est situationnelle, basée sur le rythme en piste à un instant T, et non sur une hiérarchie préétablie.

Pour Andrea Stella, le débat sur le statut des pilotes est d’ailleurs un faux problème. La véritable urgence est ailleurs. Le patron de McLaren a reconnu la menace Verstappen, mais sa priorité est de remettre de l’ordre en interne. « Quand vous vous battez au plus haut niveau, vous ne pouvez tout simplement vous permettre aucune erreur », a-t-il expliqué, faisant référence au crash de Piastri, aux erreurs en qualifications et à la fiabilité défaillante qui a coûté du temps de roulage.

Dans la logique de Stella, avant de penser à brider un de ses pilotes, McLaren doit d’abord redevenir irréprochable sur le plan opérationnel. Il estime que si l’équipe fonctionne à son plein potentiel, elle a les armes pour contenir Verstappen sans avoir à recourir à des consignes impopulaires. Mais si le pilote Red Bull venait à triompher de nouveau à Singapour et que l’écart se réduisait encore, la recommandation de Guenther Steiner pourrait rapidement passer du statut de conseil à celui de douloureuse nécessité.

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