Derrière un accident visiblement mineur, Esteban Ocon a subi un choc de 42G, des douleurs extrêmes et une remontée héroïque passée inaperçue
Sur l’écran, l’impact est presque insignifiant. Une simple perte de contrôle, une monoplace qui glisse et vient taper de côté un mur en béton. Le genre d’incident que l’on voit plusieurs fois par saison en Formule 1, rapidement évacué par la réalisation pour se concentrer sur la suite de la séance. C’était à Miami, en 2022, durant les essais libres 3. L’Alpine d’Esteban Ocon venait de finir sa course dans le mur du virage 14, un mur qui, à l’époque, n’était pas protégé par une barrière de pneus.
La suite, on la connaît : une voiture détruite, un châssis fissuré, une séance de qualifications manquée et une course entamée depuis le fond de la grille. Une histoire classique de week-end mal embarqué.
Sauf que derrière les images, il y a une autre histoire. Un impact important, une douleur invisible que le pilote a gardée pour lui pendant plus de trois ans, et qu’il a finalement racontée au micro de Guillaume Pley. Et c’est là que le récit de cet incident, a priori anodin, bascule dans une toute autre dimension.
“Je sors, je tape, je me tape les deux genoux, je peux presque plus marcher juste après”, se souvient le pilote. Mais le pire n’était pas là. Le véritable choc, son corps l’a manifesté le lendemain matin, loin des caméras. “Je me rappelle, je prends ma douche et je m’écroule en fait sous la douche. Je perds l’équilibre, je tombe, je ne vais plus du tout bien.”
Le tableau clinique que décrit Ocon est celui d’un corps qui a subi un traumatisme d’une rare violence, bien au-delà de ce que les images laissaient supposer. “J’avais mal partout, c’était horrible”, poursuit-il, avant de livrer un détail encore plus alarmant : “J’urinais rouge aussi. C’était moyen.” Un symptôme qui peut indiquer des lésions internes et témoigne de la sévérité de l’impact.
La violence du choc se mesure aussi en chiffres. L’enregistreur de données de la voiture a mesuré une décélération de 42G. Pour donner un ordre de grandeur, un pilote de Rafale qui s’éjecte de son appareil subit environ 20G. Ocon a encaissé plus du double. Les conséquences neurologiques ont été directes : “J’ai déjà eu des visions troubles, mal de tête pendant 3-4 jours.”
C’est peut-être là que l’histoire devient la plus folle. Diminué, le corps meurtri, partant loin derrière sur la grille, Esteban Ocon a pris le départ du Grand Prix de Miami le dimanche. Il l’a terminé à la huitième place, marquant des points au terme d’une remontée héroïque, dont personne à l’époque ne pouvait soupçonner le contexte physique et la douleur endurée.