Laurent Mekies veut donner à Tsunoda toutes les armes pour briller aux côtés de Verstappen, dans une équipe où le second siège a souvent déçu

Pendant des années, Red Bull a semblé concentrer tous ses efforts sur la voiture de Max Verstappen. Derrière lui, le deuxième volant a souvent ressemblé à un siège éjectable, incapable de trouver un occupant durable. Mais depuis la nomination de Laurent Mekies à la tête de l’écurie, le discours a changé : la priorité n’est plus seulement de maximiser le potentiel du champion néerlandais, mais aussi de relancer son coéquipier, aujourd’hui Yuki Tsunoda.
Depuis le départ de Daniel Ricciardo fin 2018, la succession a viré au casse-tête. Pierre Gasly, promu trop vite, n’a tenu que 12 courses avant de retourner chez Toro Rosso. Alex Albon, arrivé en renfort, a tenu un an et demi avant de céder sa place à Sergio Pérez, qui a offert à Red Bull un doublé au championnat en 2023. Mais même lui a fini par s’effondrer en 2024, incapable de décrocher une victoire et devancé par les Ferrari et McLaren.
La suite a été encore plus confuse. Après un court passage de Liam Lawson, Red Bull a choisi de promouvoir Yuki Tsunoda depuis l’écurie sœur, Racing Bulls. Mais les espoirs se sont rapidement heurtés à la réalité : 10 points seulement marqués à mi-saison, et une nouvelle élimination dès la Q1 en Hongrie avant une 17e place loin des points.
Depuis qu’il a remplacé Christian Horner, Laurent Mekies martèle son objectif : « La priorité est de donner à Yuki ce dont il a besoin pour performer », a-t-il expliqué, selon The Mirror. Le Français insiste sur l’idée de stabilité et refuse de céder à la tentation du remplacement express, un scénario pourtant familier chez Red Bull.
Pour Mekies, la relance de Tsunoda passe par un travail technique et mental : « Nous cherchons des solutions ensemble pour franchir un cap. Spa a été très positif sur ce plan, même si la Hongrie a été plus compliquée. »
Helmut Marko, connu pour sa sévérité avec les pilotes, s’inscrit étonnamment dans la même ligne. « Il n’a jamais été aussi proche de Max en qualifications, à un dixième seulement », souligne-t-il, tout en rappelant que l’évaluation des pilotes se fera après la trêve estivale. Un signe que rien n’est figé, même si l’équipe affirme vouloir donner du temps à Tsunoda.
Comment expliquer ce virage stratégique ? Avec le départ de Horner et l’arrivée de Mekies, l’écurie cherche à moderniser son approche. Miser uniquement sur Verstappen reste une arme redoutable pour le championnat pilotes, mais limite les chances de succès au classement constructeurs et réduit l’exposition des sponsors. Dans un contexte où McLaren et Ferrari présentent deux pilotes capables de jouer devant, Red Bull ne peut plus se contenter d’un seul fer de lance.
Si Tsunoda parvient à se rapprocher régulièrement du top 6, Red Bull pourrait non seulement sécuriser des points précieux, mais aussi éviter l’image d’une équipe « monolithique » centrée sur un seul homme. Pour les sponsors, deux voitures compétitives signifient deux fois plus de visibilité. Pour les ingénieurs, cela offre aussi davantage de données en course, ce qui accélère le développement technique.
La suite après l’été
La trêve estivale sera un moment clé. Si Tsunoda confirme les progrès entrevus à Spa, il pourrait conserver son siège et offrir à Red Bull un duo plus homogène. Dans le cas contraire, le marché des transferts s’annonce déjà riche en candidats, et le spectre de nouveaux changements planera sur Milton Keynes.