La FIA prend des mesures face aux conditions extrêmes à Singapour

Face à la météo extrême de Singapour, la FIA active son protocole chaleur : un choix difficile entre confort vital et perte de performance.

Le Grand Prix de Singapour a toujours été réputé comme l’un des plus exigeants du calendrier, un véritable test d’endurance pour les pilotes et les machines. Mais cette année, les conditions s’annoncent si extrêmes que la Fédération Internationale de l’Automobile a été contrainte de prendre des mesures inédites.

Des pluies torrentielles et des orages ont déjà frappé le circuit de Marina Bay, poussant la direction de course à autoriser exceptionnellement les équipes à fermer leurs portes de garage pour se protéger. Mais c’est une autre menace, plus sournoise qui a conduit la FIA à activer un nouveau protocole, forçant les écuries à faire un choix entre la performance pure et la sécurité de leurs pilotes.

Pour comprendre la décision de la FIA, il faut remonter au Grand Prix du Qatar 2023. Cette course, disputée dans une chaleur accablante, avait mené plusieurs pilotes au bord de l’épuisement, voire au-delà des limites de la sécurité. Les images avaient marqué les esprits : Logan Sargeant contraint à l’abandon pour déshydratation intense, Esteban Ocon vomissant dans son casque en pleine course, et surtout, un Lance Stroll avouant s’être « évanoui dans les virages rapides » sous l’effet des G et de la chaleur.

Cet événement a agi comme un électrochoc, prouvant que les conditions de course pouvaient dépasser la capacité de résistance physique des athlètes les mieux préparés au monde. Il est devenu impératif pour l’instance dirigeante de trouver une solution.

Face aux prévisions météorologiques pour Singapour, qui annoncent des températures supérieures à 31°C, la FIA a déclenché pour la toute première fois une alerte officielle de “Risque Chaleur” (Heat Hazard). Cette alerte active un nouveau protocole, défini par l’Article 26.19 du Règlement Sportif.

La mesure phare de ce protocole est la mise à disposition d’un gilet réfrigérant pour les pilotes. Conçu après le Qatar, ce système pompe un liquide refroidi à travers des tubes pour maintenir la température corporelle du pilote à un niveau acceptable. Cependant, lors de ses premiers tests, le système a été accueilli avec scepticisme. Oscar Piastri l’a jugé trop lourd, tandis qu’Esteban Ocon a souligné son volume, qui nécessiterait de refaire un baquet sur mesure.

La FIA a donc instauré un dilemme pour les équipes :

  1. Option A : Le pilote porte le gilet réfrigérant. Il bénéficie d’une aide active contre la chaleur, mais l’équipe doit composer avec le poids supplémentaire du système.
  2. Option B : Le pilote refuse le gilet. Pour garantir l’équité sportive, la voiture doit alors être équipée d’un lest compensatoire, dont le poids pourrait atteindre 5 kg selon certaines estimations, pour annuler tout avantage de poids.

Cette nouvelle règle transforme une question de sécurité en un véritable casse-tête stratégique. Dans un sport où chaque gramme est chassé, obliger les équipes à ajouter plusieurs kilos à leur monoplace, que ce soit via le gilet ou un ballast, est loin d’être négligeable.

Comme le rappelle George Russell, qui a déjà testé le gilet, les conditions dans le cockpit sont extrêmes : « Nous avons déjà vu notre cockpit atteindre 60 degrés. C’est comme un sauna. » Le choix offert par la FIA n’est donc pas “gratuit”. C’est un arbitrage entre le bien-être et l’endurance du pilote d’un côté, et la performance pure de la voiture de l’autre.

L’activation de ce protocole à Singapour est donc une réponse directe et nécessaire aux scènes alarmantes vues au Qatar. Si cette mesure impose de nouvelles contraintes techniques aux écuries, elle marque une étape importante dans la prise en compte de la sécurité des pilotes face à des conditions climatiques de plus en plus extrêmes.

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