La dégringolade de Leclerc en Hongrie passée au crible

Après un début dominateur, Charles Leclerc a soudainement perdu tout rythme. Ferrari est soupçonnée d’avoir sacrifié sa vitesse pour éviter la disqualification

Comment une voiture en route vers la victoire peut-elle devenir subitement “inconduisible” ? C’est le mystère qui a entouré la fin de course de Charles Leclerc au Grand Prix de Hongrie. Après avoir dominé la première moitié de l’épreuve depuis la pole position, le pilote Ferrari a vu son rythme s’effondrer de près de deux secondes au tour dans son dernier relais, le condamnant à une lointaine quatrième place.

Si l’explication officielle de Ferrari évoque un “problème de châssis”, les analyses des données télémétriques, notamment celles de Jolyon Palmer, dessinent un scénario bien plus complexe : celui d’une écurie contrainte de saborder sa propre performance pour éviter une disqualification.

Le premier à avoir exprimé ses doutes fut George Russell, témoin direct de l’effondrement de Leclerc en piste. Le pilote Mercedes a avancé l’hypothèse que Ferrari, ayant réglé sa voiture très bas pour maximiser l’appui, se serait retrouvée à la limite de l’usure du patin. Pour éviter une disqualification — comme celle de Lewis Hamilton en Chine cette même saison — l’équipe aurait été forcée de prendre des mesures radicales.

Russell a suggéré deux actions : un mode moteur moins performant en bout de ligne droite et une augmentation de la pression des pneus lors du dernier arrêt pour rehausser la voiture.

L’analyse des données par Jolyon Palmer vient corroborer et affiner cette théorie. La première anomalie, visible bien avant le dernier relais, est que Leclerc n’utilisait déjà pas son plein déploiement d’énergie en bout de ligne droite, et n’enclenchait même pas son huitième rapport. C’est le signe que Ferrari gérait déjà activement l’usure du patin, sacrifiant un peu de vitesse de pointe pour préserver sa légalité. Tant que Leclerc conservait son avantage en virage, cette stratégie était tenable.

Mais le véritable effondrement intervient dans le dernier relais. En plus de ce mode moteur conservateur, la télémétrie montre que l’avantage de Leclerc dans les virages a complètement disparu, la voiture devenant soudainement sujette à un survirage prononcé. C’est cette double peine – un déficit en ligne droite et une perte d’adhérence en virage – qui a rendu la voiture si lente.

C’est ici que l’hypothèse de l’augmentation de la pression des pneus devient la plus plausible. Comme l’explique Palmer, augmenter la pression est une manœuvre que personne ne fait, car elle réduit la surface de contact du pneu et donc l’adhérence. Sauf dans un cas précis : si l’on a désespérément besoin de rehausser la hauteur de caisse de quelques millimètres pour sauver le patin.

Cette action expliquerait parfaitement la perte soudaine de performance en virage et le sentiment d’une voiture “inconduisible” décrit par Leclerc.

En définitive, tout indique que Ferrari a tenté un pari très agressif sur les réglages, s’est retrouvée au bord de l’illégalité, et a dû prendre des contre-mesures drastiques en pleine course. Charles Leclerc, impuissant dans son cockpit, aura été la victime collatérale de ce jeu d’équilibriste entre la performance absolue et les limites du règlement.

1 thought on “La dégringolade de Leclerc en Hongrie passée au crible

  1. J’avais lu ailleurs l’analyse de Palmer. Sans appel je pense. Si l’on peut douter de Russell, Palmer est un analyste de confiance. Et puis ça colle avec la colère de Leclerc à la radio durant la course. Colère tempérée auprès des médias par après. Si tout cela est confirme un jour, c’est très décevant de la part de Ferrari. Surtout pour Leclerc.

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